Notre ami Mgr Turco vient de publier un ouvrage fournissant les justificatifs du choix de ses restitutions mélodiques adoptées dans l’édition qu’il fait d'un graduel du Temps Pascal, édition qui se veut « magis critica ».
Mgr Alberto Turco, Graduale Romanum, ricognizione codicologica et ricerca analitica per una restituzione « magis critica » delle melodie, 5 Tempus Paschale, 1 : in Dominicis et in Festo Ascensionis, Centro di Canto gregoriano e monodie « Dom jean Claire » - Verona, edizioni melosantiqua, Verona 2014.
Je n’approuve pas plusieurs points de ces restitutions, c’est pourquoi je donne son argumentation accompagnée de mes réserves. Aujourd’hui je propose la communion « Data est », attendant de lire les commentaires des membres du Site.
Mgr Turco dit que la première phrase appartient au « deutérus quarte ». Si cela est vrai, la discussion n’a pas de raison de se poursuivre : la version proposée par Mgr Turco, est bonne. Pourtant, deux objections s’imposent à l’esprit.
- 1. Aucune preuve certaine n’est fournie qu’il s’agit bien de deutérus-quarte.
- 2. Pourquoi, alors que tous les manuscrits ont en commun la première incise (deux petites exceptions), pourquoi donc le pes sur la première syllabe de « omnis » semble-t-il poser des problèmes sérieux, puisque les manuscrits ne s’accordent plus du tout :
fa-sol
mi-fa
ré-mi bémol
ré-fa
ré-fa avec mi bémol (par transposition) ? La solution proposée par Mgr Turco n’offre aucune difficulté d’écriture, et, dans ce cas, il est impossible de rendre compte de la diversité des versions données par les manuscrits.
Par contre, si la première incise est construite sur fa-mi-ré, la difficulté provient de l’impossibilité d’écrire un mi bémol. Les scribes essayent les divers procédés qui sont à leur portée, mais sans trouver d’accord entre eux.
Ainsi, l’écriture proposée par Mgr Turco est juste à condition de mettre un dièse au premier fa – les fa suivants étant bécarres.
On regrette que dans son tableau de la page 130, après « potestas », Mgr Turco n’ait pas donné la suite de la mélodie. Il semble, en effet, que les notateurs aient essayé ensuite – tant bien que mal – de poursuivre sur une échelle ré-fa-la de 1er mode. Ce qui prouve que la seule difficulté était bien celle d’écrire le début du neume d’« omnis », puisque, une fois l’incise/la phrase terminée, tous les manuscrits retrouvaient une certaine unanimité – troublée seulement par le choix plus ou moins heureux de l’écriture de « omnis potestas ».
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Replies
Berno in his Tonarius makes another group.
He compares Data est mihi with Illumina, Amen dico vobis and Quicumque fecerit.
Governed by tetrardus he adds. An indeed, all four of them can only be written (partly) thought as G-protus. Finalis G, using b flat and b sharp. Thus finding an solution to write f and f sharp in a Protus.
C'est corrigé !
Dominique Crochu a dit :
Ouuups
pavlos erevnidis a dit :
The opening needs indeed f#, as was written in the Graduale Novum page 186.
I mean in the relative "tableau synoptique", of course.
For the "Data Est": the SG 376 must be added.
Dans cette communion, s'en sortent sans variante intervallique les témoins qui commencent sur DO. Ici, pas d'impasse hexacordale pour ceux qui ont réalisé "le bon choix" au départ !
J'ajoute aussi le "synoptique" de COM Pacem meam, avec les mêmes témoins:
La COM Data est mihi, du vendredi dans l'Octave de Pâques possède son pendant liturgique dans la COM Pacem meam do vobis aux Quatre Temps de la Pentecôte.
Leur architecture modale est globalement identique. Si l'on raisonne à partir d'un incipit sur DO, on observe la construction:
DO /SI bécarre / LA / SI bémol / FA.
Dans les deux communions, la mélodie de l'incipit descend via le SI bécarre. Le témoignage de la tradition est très affirmatif. Don Turco voit une exception dans VOR 2 (que je n'ai pu consulter) du fait de la présence d' un bémol à la clé. Cependant, une consultation régulière des manuscrits invite à un grande prudence sur la valeur effective de ces bémols à la clé. J'en veux pour preuve VOR 1, de la même famille, qui n'écrit le bémol qu'à partir de "OMnis".
Dans la COM Data est mihi, les variantes intervalliques apparaissent dans à partir de "omnis potestas", du fait de l'articulation de "in caelo" à la tierce ascendante. En effet, cet enchaînement hypothèque l'utilisation de tout cadre hexacordal classique.
On observe de fait des variantes permettant aux notateurs médiévaux d'effectuer des transcriptions "honorables".
Le cas de la famille bénéventaine (et, dans une moindre mesure, aquitaine) dont l'unité de la tradition est habituellement forte constitue un confirmatur d'une transcription impossible sans "absonia".
En conclusion je soutiens le choix de l'Equipe rédactionnelle du Graduale Novum qui a produit la version la plus réaliste au regard de la tradition manuscrite:
Afin de poser mon commentaire sur des bases facilement vérifiables, je propose comme base déchange, un tableau synoptique basé sur 34 témoins. Entre crochets sont indiqués les signes du Graduel Critique (II les Sources, 1957).