usages liturgiques des chantres

Dans l'Europe médiévale, et certainement jusqu'à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle tous les diocèses récalcitrants ont du finalement prendre le rite romano-romain, les chantres avaient ici et là des usages liturgiques particuliers. Je pense en particulier aux tenues de choeur (chapes de telle ou telle couleur, surplis de tel type), place particulière du lutrin, présence de l'Alternatim avec orgue, ordre particulier des intonations à l'office, etc.

Dans certains pays ou les ecclésiastiques étaient plus conservateurs que dans d'autres, certains de ces usages ont perdué jusqu'à Vatican II, malgré la suppression officielle des chantres et l'apparition de la chorale paroissiale ( typiquement la Belgique qui a gardé ses chapes, lutrin, et bâton de chantres jusqu'à très récemment)
Il me semble qu'il serait intéressant de les recenser. Ce forum étant international, peut-être chacun à un peu d'infos sur ce qui a pu se passer dans son pays. (je parle des usages séculiers, pas religieux)

Je commence par le plus simple, le romain pur à Rome post-tridentin: chantres en cotta toute l'année, lutrin sur le côté (plutôt épitre); usage de la tribune latérale dès la renaissance; alternatim de l'orgue aux seules grandes fêtes, peu à peu remplacé dans les grandes églises par l'ordinaire en musique.

A vos compléments...

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Replies

  • Pour les usages français, il y a cette très belle image bien commentée

    http://www.schola-sainte-cecile.com/2007/08/03/la-sainte-messe-a-la...
  • Pour les usages médiévaux, il faudrait une enquête iconographique prudente devrait ramener des résultats (notamment sur l'iconographie du Ps 97 "Cantatate Dominoo canticum novum II" où à partir du 13es on voit apparaître des chantres au lutrin (clercs eou religieux le plus souvent). Th. Elich en avait un peu traité dans sa thèse sur l'oralité dans la liturgie mais il faudrait tout reprendre à zéro compte tenu des progrès faits dans la connaissance et la datation des manuscrits.

    L'autre source à dépouiller serait les Statuts synodaux, Martène et Durand (Thesaurus), etc.
    L'usage du lutrin au milieu du choeur ou sur un côté est bien attesté à partir du 13e en tout cas dans les ordres mendiants (dominicains, plus formels ; chez les franciscains c'est plus difficile à saisir du point de vue du rite)..

    Richard Llewellyn a dit :
    Un complément grace à Dominique Gatté:

    Dictionnaire alphabético-méthodique des cérémonies et des rites sacrés
    Rédigé Par M. l'abbé Boissonnet et Publié par M. l'abbé Migne (1797 en France)

    Le chapitre sur les chantres et chapiers est page 394 du pdf du tome 1.
    Il détaille les cérémonies des chapiers à la messe solennelle.
    Noter la distinction chapiers/chantres à la messe comme aux vêpres.


    A voir aussi, toujours pour la France,
    "le parfait ecclesiastique" (1665) - chant de l'office à la campagne.
    Des indications sur la construction du lutrin et de l'estrade, dont certains voient dans le bema syriaque la filiation

    http://www.ceremoniaire.net/office_divin/docs/office_campagne_1665....


    Commentaires quand aux réponses données.

    Pour le romain pur, et donc l'Italie, Il me semble que l'usage des tribunes pour les chantres ne se soit installé à Rome que après la construction de la nouvelle St Pierre et de la chapelle Sixtine. (mais des preuves seraient bienvenues)
    L'usage plus ancien étant évidemment le choeur des chantres dans les églises à plan basilical.

    L'abbé Quoex, bien connu des liturgistes, et d'autres comme Mgr Perl à la commission Ecclesia Dei, m'ont assuré que le "dégagement des chantres" de leur place au choeur s'est faite à Rome dans les cérémonies papales parce que on y a mis tout une série de dignitaires "politiques" à leur place (qui d'ailleurs chantaient peu)
    Le désir de theatralité baroque aussi contribué à cela (mythe du chant des anges qui sont par définition invisibles, d'où les tribunes à grille)

    Apparemment (trs selon Mgr Perl), il y a au Vatican des gravures montrant que pour les grandes solennités, jusqu'à une époque récente (début 20eme), les chanoines de St Pierre recréeait le choeur antique devant la confession pour l'office des très grandes fêtes (matines en particulier)- les chantres descendaient donc de leur tribune.

    Je m'interrogeais donc sur les usages médiévaux qui ont pu résister à cette "révolution politique de la chapelle papale", et qui ont pu subsister dans les cathédrales.

    On a donc maintenant quelques documents sur les usages français. Le Sarum en Angleterre est dérivé des usages de Rouen, donc assez semblables.
    L'usage du lutrin au centre est présent dans les deux cas.

    Egalement on a quelques exemples de confréries - if faut noter que l'ensemble des cérémoniaux indique que le choeur derrière l''autel n'est pas la disposition liturgique normale pour des instituts séculiers.
    Il y a deux dispositions vraiment traditionnelles, Westminster Abbey d'une part, et le plan basilical romain type Saint Clément d'autre part. Tout le reste n'est que mélange.
    Il me semble que les exemples de Luca Ricossa sont des usages postérieurs à la "révolution romaine".

    Il y a-t-il des exemples connus de l'Italie d'avant l'arrivée des fransiscains au pouvoir?
    Quelqu'un connait il des exemples médiévaux à l'est du Rhin?
    Quid des usages espagnols/portugais?
    usages liturgiques des chantres
    Dans l'Europe médiévale, et certainement jusqu'à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle tous les diocèses récalcitrants ont du finalement prendre l…
  • Un complément grace à Dominique Gatté:

    Dictionnaire alphabético-méthodique des cérémonies et des rites sacrés
    Rédigé Par M. l'abbé Boissonnet et Publié par M. l'abbé Migne (1797 en France)

    Le chapitre sur les chantres et chapiers est page 394 du pdf du tome 1.
    Il détaille les cérémonies des chapiers à la messe solennelle.
    Noter la distinction chapiers/chantres à la messe comme aux vêpres.


    A voir aussi, toujours pour la France,
    "le parfait ecclesiastique" (1665) - chant de l'office à la campagne.
    Des indications sur la construction du lutrin et de l'estrade, dont certains voient dans le bema syriaque la filiation

    http://www.ceremoniaire.net/office_divin/docs/office_campagne_1665....


    Commentaires quand aux réponses données.

    Pour le romain pur, et donc l'Italie, Il me semble que l'usage des tribunes pour les chantres ne se soit installé à Rome que après la construction de la nouvelle St Pierre et de la chapelle Sixtine. (mais des preuves seraient bienvenues)
    L'usage plus ancien étant évidemment le choeur des chantres dans les églises à plan basilical.

    L'abbé Quoex, bien connu des liturgistes, et d'autres comme Mgr Perl à la commission Ecclesia Dei, m'ont assuré que le "dégagement des chantres" de leur place au choeur s'est faite à Rome dans les cérémonies papales parce que on y a mis tout une série de dignitaires "politiques" à leur place (qui d'ailleurs chantaient peu)
    Le désir de theatralité baroque aussi contribué à cela (mythe du chant des anges qui sont par définition invisibles, d'où les tribunes à grille)

    Apparemment (trs selon Mgr Perl), il y a au Vatican des gravures montrant que pour les grandes solennités, jusqu'à une époque récente (début 20eme), les chanoines de St Pierre recréeait le choeur antique devant la confession pour l'office des très grandes fêtes (matines en particulier)- les chantres descendaient donc de leur tribune.

    Je m'interrogeais donc sur les usages médiévaux qui ont pu résister à cette "révolution politique de la chapelle papale", et qui ont pu subsister dans les cathédrales.

    On a donc maintenant quelques documents sur les usages français. Le Sarum en Angleterre est dérivé des usages de Rouen, donc assez semblables.
    L'usage du lutrin au centre est présent dans les deux cas.

    Egalement on a quelques exemples de confréries - if faut noter que l'ensemble des cérémoniaux indique que le choeur derrière l''autel n'est pas la disposition liturgique normale pour des instituts séculiers.
    Il y a deux dispositions vraiment traditionnelles, Westminster Abbey d'une part, et le plan basilical romain type Saint Clément d'autre part. Tout le reste n'est que mélange.
    Il me semble que les exemples de Luca Ricossa sont des usages postérieurs à la "révolution romaine".

    Il y a-t-il des exemples connus de l'Italie d'avant l'arrivée des fransiscains au pouvoir?
    Quelqu'un connait il des exemples médiévaux à l'est du Rhin?
    Quid des usages espagnols/portugais?
  • La première image me rappelle ce qu'on trouve en Suisse dans les églises des Capucins et certaines églises conventuelles de la période baroque ou postérieure où le choeur des religieux est séparé de l'église des fidèles par un autel biface de ce type et deux portes latérales. Cette structure architecturale est caractéristique des églises de communautés religieuses (ou canoniales) avec un clergé relativement important et des stalles. Mais dans ces cas là, il existe quand même une tribune pour les chantres au fond de la nef au-dessus de la porte d'entrée.
    Dans les chartreuses, le jubé s'ouvrait au milieu et les autels étaient sur les côtés, comme c'est encore visible à la Grande-Chartreuse. C'est totalement différent du système des deux images présentées.

    Ricossa a dit :
    Voici des images d'autels avec les passages latéraux :
    ici
    et
    ici

    Il est difficile de trouver des images du "contreautel", car ils ne sont pas très ornés au point de vue artistique.
    usages liturgiques des chantres
    Dans l'Europe médiévale, et certainement jusqu'à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle tous les diocèses récalcitrants ont du finalement prendre l…
  • Il s'agît d'une chartreuse?
  • Excellente idée.
    Vous devriez interroger André Gouze à Sylvanès. Je l'ai entendu autrefois parler des usages des chantres de l'Aveyron qu'il avait connu dans son enfance.
    Sur la place des chantres à l'église, en Suisse Romande la coutume était de les placer à la tribune d'orgue au-dessus de la porte d'entrée de l'église. Lorsqu'après Vatican II le clergé a voulu les faire chanter dans le choeur, derrière l'autel, cela a provoqué de fortes résistances. J'ai aussi noté que les chantres se sont surtout maintenus dans le cadre des cérémonies de funérailles pour lesquelles il était plus difficile de réunir des choeurs plus ou moins mixtes, en pleine semaine. Jean Yves Haimoz saurait vous apporter des éléments plus précis et mieux informés.
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