La compilation alia musica existe dans certaines versions différentes qu'on pourraît étudier dans les manuscrits diverses (regardez les tonaires des chantres parisiens et clunisiens, mais aussi la version chartraise dans la collection  de l'Abbaye St Emméran à Ratisbonne, la seule qui contient les intonations neumées). L'édition de Gerbert suive le manuscrit Pa 7211, l'édition critique de Chailley réfères aux versions différentes, mais suive dans sa composition la version de St Emméran et transcrit même les tonaires dans les commentaires du même manuscrit.

Ici, je vous donne la passage sur le tonus quintus.

Le texte selon Gerbert:

Porro ter XII. ad partem gravem observat metas eiusdem tropi, quoniam a trite diezeugmenon, sub tertia specie diatessaron, inchoans, tertiam speciem diapente deorsum in sua melodia, quae est NOEOEANE. peragit usque in parypate meson, quae est sua finalis. Gradalis enim antiphona Domine refugium ad eamdem chordam bis redit, et sicut Circumdederunt incipit, ita et offertorium: Immittit angelus. Nocturnale quoque responsorium obsecro Domine. a mese enarmonico remisso inchoat, ut statim chromaticum intensum se ingerat. Secunda species enim diapason, quae a paramese incipit, in eo est singularis, quod tres tonos deorsum absque semitonio una serie directim digerit, nec in eadem diapason inter VI. et XII. octonarius incurrit, atque idcirco ibidem adiuvat plurimum synemmenon tetrachordum. Alleluia etiam Beatus Vir a finali chorda eiusdem tropi, ad octavam sursum versus, totam quintam speciem diapason percurrit. In praedictis vero numeris consonantia diapente sub mensura quinaria cadit: quoniam ter VIII. et quater VI. ad bis XII. rediguntur. Quater vero VIIII. ad ter XII. ut binarius et ternarius, qui faciunt V. conservent suum diapente.

Chailley:

[-153-] Porro ter 12 ad partem gravem observat metas ejusdem tropi, quoniam a trite diezeugmenon sub tertia specie diatessaron inchoans, tertiam speciem diapente deorsum in sua melodia, quae est NOEOEANE, peragit usque ad parhypate meson, quae est sua finalis.
[-154-] Gradalis enim antiphona Domine refugium ad eamdem chordam bis redit, et sicut Circumdederunt incipit; ita et offertorium Immittit Angelus. Nocturnale quoque responsorium Obsecro Domine a mese enarmonico remisso inchoat, ut statim chromaticum intensum se ingerat.
Secunda species enim diapason, quae a paramese incipit, in eo est singularis, quod tres tonos deorsum absque semitonio una serie directim digerit, nec in eadem diapason inter 6 et 12 novenarius incurrit, atque idcirco ibidem adjuvat plurimus synemmenon tetrachordum.
[-155-] Alleluia etiam Beatus vir a finali chorda ejusdem tropi ad octavam sursum versus totam quintam speciem diapason percurrit. In praedictis vero numeris consonantia diapente sub mensura quinaria cadit, [-156-] quoniam ter 8 et quater 6 ad bis 12 rediguntur. Quater vero 9 ad ter 12 ut binarius et ternarius, qui faciunt 5, conservent suum diapente.

Ma traduction française:

En plus sur les trois des douze [3:4] de la partie basse [de la corde] on observe les termes du même trope, parce qu’on paracheve du « trite diezeugmenon » [c], sous la troisième espèce du « diatessaron » [f-c] au début, la melodie NOEOEANE descend au travers du troisième espèce de la pentecorde jusqu’au « parhypate meson » [F], qui est sa finale.

L’antienne « Domine refugium » retourne à cette corde deux fois, et aussi « Circumdederunt » commence comme ça, même l’offertoire « Immittit Angelus ». Et le répons de la nocturne « Obsecro domine » commence de la mese [a] enharmonique retenu [le dièse entre a et bémol?] de sorte qu’elle se conduit [le mélos] immédiatement à l’intensité chromatique.

Car l’espèce seconde du diapason qui commence de la paramese [bécarré], soi-même est singulière, parce qu’elle divide directement une série de trois toni (bécarré—a—G—F) au-dessous des semitonium (c—bécarré), que le mélos ne touche pas le neuvième part [3/4] entre 6 et 12, et environ ce point le tétracorde synnemenon [d—c—bémol—a] aide en plus. Alleluia « Beatus vir » traverse de la corde du finale [ici G fa ut qui correspond C fa ut ] du même trope jusqu'à l'octave haute du verse qui est la cinquième espèce [la composition du quart bas et au-dessus la quinte, par exemple C—F—c ou G—c—g].

Ma traduction allemande:

Weiter folgt über demselben Tropus drei Teile von 12 bis zum unteren Ende [es erklingt 3/4 der gesamten Saitenlänge], da von der trite diezeugmenon [c], unterhalb der dritten Art der Quarte beginnend, und in seiner Melodie, die NOEOEANE ist, die dritte Art der Quinte bis zur parhypate meson [F] vollzieht, die ihre Finalis ist. Die Antiphon «Domine refugium» kehrt zu derselben Saite [Ton als Saitenlänge] zweimal zurück, wie auch «Circumdederunt» anfängt; so auch das Offertorium «Immittit angelus». Auch das Responsorium der
Nokturn «Obsecro Domine» beginnt von einer enharmonisch fallenden Mese [a], daß sie sogleich chromatisch gerichtet sich nach oben drängt. Denn die zweite Art der Oktave, welche von der paramese [h] beginnt, ist in ihm [diesem Tropus] selten, daß er drei Ganztöne [b mi – a re – G sol – F fa] abwärts vom Halbton aus [c fa – b mi] in einer direkten Folge aufteilt, und nicht in derselben Oktave zwischen 6 und 12, in neun geteilt, trifft, und darum hilft ebendort meist der Tetrachord synemmenon [a la mi – b fa – c sol – d la]. Auch das «Alleluia. Beatus vir» durchläuft von der Saite der Finalis [der Schlußton G fa ut bzw. C fa ut] desselben Tropus bis zur oberen Oktave des Versus die gesamte fünfte Art der Oktave [in der Zusammensetzung Quarte und darüber die Quinte].

Si on analyse le chant de l'offertoire "Inmittet" qui contient aussi le refrain ou troparion qui est chanté comme koinônikon Γεύσασθε καὶ ἴδετε durant la liturgie des saints dons présanctifiés du mercredi saint (Gustate et videte) aujourd'hui, on pourra trouver une réception particulaire de la psalmodie de l'échos varys. Les microtones suivent la conception d'une pentecorde (F—c) et tetracorde (G—c) inversées.

Je vous donnes aussi mon analyse modale de la version du graduel de St Yrieix (les couleurs, jaune signifie tritus, rouge deuterus e son mesos tetrardus)...


1271824247?profile=RESIZE_1024x1024Paris, Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. 903, fol. 40r–40v

...mais aussi l'usage des microtones selon le tonaire de Guillaume de Volpiano qui avait classifié cet offertoire comme "Plagi tetrardus":

1271826541?profile=RESIZE_1024x1024Montpellier, Bibliothèque Inter-Universitaire, Section Médecine, Ms. H159, fol. 149r-149v

J'admets que je ne suis pas sûr qu'il s'agît d'un import d'un mélos byzantin, mais qui le sait?

You need to be a member of Musicologie Médiévale to add comments!

Join Musicologie Médiévale

Email me when people reply –

Replies

  • Je suis d'accord avec votre lecture du dernier verset pour deux raisons:

    • Je n'expecte pas tant de différence entre deux rédactions des certaines écoles qui avaient partagé et contribué aux réformes clunisiennes.
    • Les formules des cadences finales sur SOL sont identiques.

    Votre interprétation donne aussi la raison plus simple, pour laquelle le chantre de ce tonaire a décidé pour la classification comme "Autentus tritus": Dans le dernier verset le mélos monte jusqu'à l'octave "n" et l'usage de l'octave ensemble avec les dièses sur b mi (direction "k") et e mi (direction "n") qui soulignent les espèces du diatessaron et du diapente correspondant du mode "Autentus tritus". Pour cette raison, il faut expliquer la classification (plus tarde?) comme "Plagi tetrardus".

    9126744267?profile=original

    Une explication serait que le modèle trop fréquenté chez les interprètes aujourd'hui, sera bien sûr la mutation chez Guido d'Arezzo qui était encore inconnue à la fin du X siècle et durant le premier quart du XI siècle. Dans l'école de Guillaume de Volpiano, b fa est seulement usé pour faire les cadences finale sur G sol, il s'agît d'un phénomen de l'attraction. Ça veut dire on utilise déjà le b comme un dégré mobil du mode, mais on n'évite pas du tout b mi, même dans le tritus. L'interpretation comme "Plagi tetrardus", c'est peut-être non seulement grace à la finalis "g", mais aussi grace à la prominence du b mi ("ι").

    Le "mese enarmonico remisso" ne doît être nécessairement une position du diagramme boécien, mais pourquoi la mese "h" s'appelle "enharmonique", si le ditonus était bien part du genre diatonique? Dehors du diagramme boécien, il s'agisse d'une modification du mese "h" abaissé par la proportion de la dièse? Il me semble que la seule évidence serait que ce microtone était usé dans le type du mélos tritus qui commence sur LA (même réconnu dans les tonaires aquitains). L'école de Guillaume n'offre aucune réponse...

This reply was deleted.