improvisation Arezzo - Bingen

Bonjour,

serait-ce une hérésie de pratiquer ce que nous livre le Micrologus de Guido d'Arezzo pour "improviser" de l'organum dans le répertoire d'Hildegarde von Bingen?

Je ne sais pas si c'est un argument, mais tous deux étaient bénédictins.

Merci pour vos réponses.

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Replies

  • Il faut me comprendre bien. C'était grâce au talent extraordinaire de Thomas Binkley qui avait cette attitude très critique envers son travail et il était très courageux s'exposer son ensemble à une comparaison avec les musiciens marocains et à un jugement d'un ethnomusicologue comme Hans Oesch. On pourrait encore apprendre beaucoup d'écouter les vieux enrégistrements du Studio der frühen Musik, parce que ces musiciens étaient très experimentels. On avait toujours risqué beaucoup.

    Malheureusement je ne les ai pas encore trouvés dans le groupe Enregistrements de la musique grégorienne et médiévale, évidemment il est dédié à un certain milieu.

    Enregistrements de la musique grégorienne et médiévale
    Groupe dédié à tout ce qui concerne les enregistrements de chants liturgiques médiévaux (grégorien, mozarabe, ambrosien, romain, bénéventain...) ains…
  • Pourquoi pas je l'ai fait et çà donne des résultats intéressants.

  • En fait, cet article ne parle pas vraiment de l'"Orient", mais de la incapacité totale des musiciens occidentales envers la modalité, une sensation d'une infériorité profonde qu'on avait ces années, bien documentée en 1978 :

    Oesch, Hans. „Zwei Welten : erste Gedanken und Fragen nach der Begegnung mit andalusischer Musik aus Marokko.“ Basler Jahrbuch für historische Musikpraxis 1 (1978): 131–36.

    J'espère que aujord'hui nous pouvons continuer sans cette confusion entre les capacités des musiciens orientales et l'ignorance chez nous.

  • Merci à Marcel Pérès de sa contribution éclairée!

  • Bravo, Marcel!

  • Thanks here to an 'eastern'
    use of ornamentation, and a pulse steadied by
    an abbey reverberation, Hildegard sounds as much
    at home in Bir-Nabala as in Bingen.

    cf citation de O. Gerlach ci-dessus du 10 mars 2014 tirée de : Witts, R. 1998. “How to Make a Saint: On Interpreting Hildegard of Bingen.” Early Music XXVI: 478–486. doi:10.1093/earlyj/XXVI.3.478.

    Je viens de lire cette absurdité concernant l'ornementation !

    Il faudrait, une fois pour toute en finir avec ces niaiseries qui consistent à croire et à faire croire que toute vibration dans le chant est par essence arabe ou orientale. Ouvrez les yeux et les oreilles, les premiers neumes indiquent une multitude d'ornementation, et notamment les neumes qu'utilise Hildegarde, notation extrêmement précise et subtile en ce qui concerne les moindres inflexions vocales (attaque et coupure du son, enchainement des neumes, nuances dans la vibration de certaines notes…) et même pour le rythme. Cela n'a strictement rien à voir avec les arabes, les croisades ou je sais quelle lubie orientaliste ! D'ailleurs nous savons maintenant que la musique arabe, à l'origine ne comportait presque pas d'ornements, c'est au contact des civilisations qu'ils ont découvertes au fur et à mesure de leur expansion qu'il se sont mis à l'école des peuples conquis qui eux pratiquaient un art de l'ornementation très élaboré (Égypte, Syrie, Afrique du Nord,) cf. Christian Poché, La musique arabo-andalouse, acte-Sud 2001.

    La musique européenne n'a abandonné l'ornementation que dans certaines formes musicales du XIXe siècle, alors que le chant religieux avait conservé l'art de l'ornementation jusqu'aux réformes de Solesmes, et les traditions populaires jusqu'à aujourd'hui, de la Norvège et le nord de l'Écosse à l'Andalousie.

    Un peu de rigueur scientifique dans l'observation du passé et du présent ne nuit pas à la réflexion. Ce n'est pas parce que la plupart des grégorianistes ne savent pas quoi faire aujourd'hui avec les neumes d'ornement qu'il faut affirmer qu'ils n'ont jamais existé. On nage en pleine absurdité et … ça dure ….!!!!

    L'ornement n'est pas une fantaisie "arabisante" mais une véritable science du discours et du chant. Il serait grand temps que nos médiévistes et nos grégorianistes qui s'obstinent à nier la réalité le comprennent et se mettent au travail, car il faut plusieurs années pour réaliser comment fonctionnent réellement les différents styles d'ornementation.

     

    Au travail !

  • Avec la liturgie à Rupertsberg vous avez touché la question la plus difficile, mais bien sur aussi la question la plus intéressante.

    Je pourrais conseiller ce livre avec CD qui était dédié à cette question et pas au niveau passé de Mr Witts et sa génération. L'interpretation de Stefan Morent et de son ensemble Ordo virtutum est aussi d'une école intéressante: Andrea von Ramm, même connue comme le diable de la musique ancienne, la primadonna du Studio der frühen Musik sous la direction de Thomas Binkley, et dans ses dernières années professeur de la rhétorique à la Schola cantorum à Bâle.

    Pfau, Marianne Richert, et Stefan Morent. Hildegard von Bingen: der Klang des Himmels. Europäische Komponistinnen 1. Köln, Weimar, Wien: Böhlau, 2005.
  • Les chants d'Hildegard peuvent donner lieu à de multiples interprétations.

    Il convient de se souvenir que ce sont des chants religieux souvent liturgiques. A force d'en faire chanter j'ai vraiment l'impression que nous pouvons nous appliquer la liberté qu'Hildegard s'appliquait à elle même.

    Mais quel bonheur de travailler et de faire chanter H.

  • Cher Nicolas

    Je t'assure que je n'avais pas une opinion mauvaise de ton intéllecte comme musicien. Tu as raison, si tu écris que les arguments historiques ne sont pas tout. Ça ne suffit pas.

    La chose que m'a fait beaucoup plaisir que les opinions des réligieux sont si près à celle de Mr. Witts qui a confessé [!] de ne croire pas en Dieu.

    À la fin, il y a au moins un pétit progrès entre les philologues - loin du discours entre les générations. C'est déjà un signe modeste d'une espoire...

  • Merci pour tous ces riches échanges en informations.

    Oliver, tu as mal compris ma position, loin de moi l'idée de me désintéresser des intentions d'un auteur, je voulais exprimer plutôt l'idée et l'hypothèse d'une position plus tardive (ou contemporaine) de chanteurs qui utiliseraient le matériau de Bingen pour en faire autre chose que l'intention première de Bingen.

    merci

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