Bonjour à tous
Ma question porte sur la présence du Si bémol dans les pièces grégoriennes. Je pensais qu'il était réservé aux mélodies en mode de Do (je vais parler ici des modes utilisées dans la musique modale et non des modes grégoriens) pour éviter la sensible au demi-ton "Si-Do".
Je me suis donc apperçu que beaucoup de pièces en mode de Fa avaient ce Si bémol, comme par exemple le ton simple de l'Ave Régina Caelorum.
Ma question est d'une part:
- Pourquoi ce Sib
- peut-on en déduire que la gamme tonale de Fa Majeur (qui comporte ce Sib) est issue de ce mode grégorien ?
D'avance merci pour votre éclairage sur ce point
En pièce jointe l'Ave Regina Caelorum (5ème ou 6ème mode du coup?) avec donc le Sib
Replies
En fait oui c'est tout bête, à la lumière de vos réponses et de ce que j'ai lu un peu plus tard je comprend la présence du Sib dans le 5ème mode pour éviter le triton et dans le 6ème mode pour éviter le demi-ton (la sensible) Si-Do
Merci Ricossa pour ces informations. Oui je sais que lorsqu'on évoque le chant grégorien on ne parle pas de mode en fonction de la finale (Mode de Do, de Ré etc...) mais de 1er, 2eme, 8eme mode etc... J'ai opté pour ce language car je fait la comparaison avec les musiques modales profanes dont on trouve le mode en se basant sur la finale.
J'ai "transposé" les appelations profanes sur les pièces grégorienne mais de fait l'analyse n'est pas la même.
A ce propos, je me suis toujours demandé pourquoi dans le chant grégorien on n'utilise que la clé de Do et de Fa?
Pourquoi ne pas en utiliser qu'une et pourquoi la musique savante n'a pas gardé la clé de Do et utilise la clé de Sol?
Merci Luca de relancer ce post. Voici ce que j'ajoute en complément de vos remarques :
même si la tradition St Gall et Einsiedeln signalent une psalmodie du troisième ton, cela n'infirme pas la présence d'un ton plein sous le FA final. Un rapide tableau comparatif semble indiquer ce demi-ton sous le FA dans cette zone :
Des manuscrits, très au fait des transcriptions hexacordales comme Berlin 40078 (Quedlindburg) et Darmstadt 545 (Bombogen) signalent très clairement ce ton plein.
Par ailleurs, une situation analogue peut s'observer dans l'ANT Nemo te condemnavit mulier (AM34 : 371). Pour résumer nos observations, nous affirmons que bien que le tonaire de Hartker (p. 301) indique une psalmodie du troisième ton, la tradition germanique, à "noli peccare" conclut sur SOL. AM 34, avec sa finale en MI, a suivi la tradition franciscaine, minoritaire par ailleurs.
Bonjour.
Il y aurait beaucoup à dire sur la présence du bémol en tritus (5ème et 6ème modes). L'architecture, fondée sur Fa, impose le SI bémol pour deux raisons :
la première tient au rapport lui-même entre le FA et le SI : le triton, diabolus in musica, "doit" être évité à tout prix ! C'est une règle extrêmement suivie au Moyen-Âge ;
la seconde raison tient à la présence récurrente du MI bémol dans de nombreuses pièces, soulignant, s'il en était encore besoin, ce lien organique entre SI bémol et FA. Pour illustrer notre propos, nous avons mis en regard quelques pièces en 6ème mode, choisies au hasard :