* Comme nous le savons, Chypre est un croisement de la culture byzantine et latine.
Mais que savons nous de la liturgie et du chant à Chypre aussi bien dans l'église latine que grecque ?
Avons nous des sources manuscrites ? (antiphonaire, graduel, rituel, typikon, sticherarion, ect...)
* Mes questions au sujet de la liturgie et du chant à Chypre sont motivées par une étude sur le culte de la Sainte-Croix à Chypre à l'époque médiévale.
Je me demande s'il est possible de trouver des sources semblables à celles de Bénévent où nous trouvons des antiennes pour la fête de l'exaltation de la Sainte-Croix en latin et en grec ou bien d'autres curiosités liées à la mitoyenneté de ces deux liturgies.
La seule source que je connaisse pour le chant à Chypre est le codex franco-chypriote mais pour la liturgie c'est un peu léger en en dehors des Gloria et Credo et des hymnes polyphoniques... ou nous trouvons pour la Sainte Croix :
67v-68 Reverenter veneremur sancte crucis stipitem / Venerandum crucis lignum
Replies
Merci pour toutes ces informations.
Mais je ne cherche pas seulement un type de liturgie comme à Bénévent.
Mais, je cherche tout ce qui pourrait être lié au culte de la Croix à Chypre.
Oliver Gerlach a dit :
Le chroniqueur chypriote Makhairas (fin XIVe - début XV s.) nous donne des informations intéressantes.
À Chypre, à partir du règne de Hugues IV de Lusignan (1324-1359) les souverains, jusqu'à présent ignorants pour les cultes locaux, montrent leur souci d’assister leur développement. Ce tournant marquant dans la vie religieuse et, par extension, culturelle du royaume de Chypre s’effectue à la suite d’un miracle d’une relique de la sainte Croix – apportée à Chypre, selon la tradition, par sainte Hélène – en 1340. Les Grecs de Chypre vouent un culte aux reliques de la sainte Croix qui se trouvent sur l’île, depuis le XIe siècle. Les Lusignan, n’y voyant que l’effet de superstitions, déniaient l’authenticité de ces reliques. Mais après cet événement leur position change complètement. D’après Makhairas, l’évêque de Famagouste frère Mara, qui ne croyait pas à l’authenticité de la relique, a convaincu le roi Hugues IV de mettre la croix à l’épreuve. Après l’accord du roi, l’évêque a fait faire un grand feu et y a déposé la croix, qui était en bois. Quelque temps après, il a enlevé la croix du feu et « elle était intacte, comme avant, sans aucun dommage ». La reine Alice – qui avait perdu sa voix depuis trois ans après être entrée au monastère orthodoxe de Makhairas (ne pas confondre avec le chroniqueur! Ici Makhairas est une montagne à Chypre), où l’entrée était interdite aux femmes – s’est mise à crier en proclamant : « Je crois, Seigneur, que ce bois vient du bois sur lequel fut crucifié le Christ ». La tante de la reine, Marie d’Ibelin, ayant vu le miracle, ordonna alors de construire un monastère orthodoxe en l’honneur de la sainte Croix – qui malheureusement n’existe plus aujourd’hui – et la reine Alice elle-même offrit tous les objets de culte au monastère et elle fit orner la croix « d’argent et or et perles et pierres précieuses. » Les Grecs et la sainte Croix étaient très liés dans la conscience latine. Plusieurs récits de voyages en lien avec Chypre font mention de la relique de la sainte Croix qui se trouve au monastère grec de Stavrovouni (lit. montage de la Croix) qui à l'époque était sous le contrôle des Latins.
La chronique de Makhairas traduite en français:
Machairas, Léontios, Une histoire du doux pays de Chypre. Traduction du manuscrit de Venise de Léontios Machairas. Cervellin – Chevalier, Isabelle (trad.), sous la direction de Hatzisavas, Andréas, Editions Praxandre, Besançon, 2002.
Merci beaucoup pour votre réponse !
C'est bien dommage que nous n'ayons pas de sources du monastère Stavrovouni...
Fédon Nicolaou a dit :
"Le frère Félix Faber, qui visite l'île en 1483, rencontre un moine dumonastère de Stavrovouni, lequel célébrait la messe dans deux églises, tantôt selon le rite oriental, tantôt selon le rite latin"
J'aimerai bien en savoir plus... !
http://books.google.fr/books?id=dfIjAAAAMAAJ&q=Le+frère+Félix+F...
Peut-être vous trouverez des informations dans:
Cobham, Claude Delaval (éd.), Excerpta Cypria: materials for a history of Cyprus, Cambridge, University Press, 1908.
Quelqu'un sait-il si le "bon larron" est aussi fêté à Chypre le 24 avril ?
Oui en effet Dominique, moi aussi j'aimerais bien en savoir plus sur les permissions qu'il a pu exister de célébrer deux rites différents tantôt l'oriental tantôt le latin. Sais-tu si ce moine était catholique ?
Stavrovouni est un monastère orthodoxe.
Je trouve ça étonnant, car pour beaucoup d'orthodoxe (peut-être même tous?), le rite latin est invalide...
Mais cela semble logique qu'avec la présence des Lusignan, de choses de cet ordre se soient passées
Romuald Veyron a dit :
Comme Fédon Nicolaou avait déjà écrit l'histoire des croisades en Chypre n'est pas exactement une de la tolérance :
1) Intéressants sont peut-être ces descriptions par deux chroniquers (extraits de Cobham) :
http://deremilitari.org/2013/04/conquest-of-cyprus-by-richard-i-119...
2) Une monographie allemande dédiée à Richard Cœur de Lion :
3) La libération de Chypre féodale par la conquête ottomane :
Regardez aussi:
Nicholas Coureas & Andreas G. Orphanides: "Piracy in Cyprus and the Eastern Mediterranean during the Later Lusignan and Venetian Periods (15th-16th Centuries)." Eπετηρίδα του Κέντρου Επιστηµονικών Ερευνών 33 (2007): 121-162. academia.edu