Les manuscrits de la Cathédrale de Tolède : un patrimoine musical médiéval préservé par les moines de Solesmes

Introduction

L'Archivo y Biblioteca Capitulares de la Catedral de Toledo conserve l'un des fonds manuscrits liturgiques et musicaux les plus remarquables d'Europe. Entre 1904 et 1914, Dom Paul Blanchon-Lasserve, Dom Amand Ménager et Dom Maur Sablayrolles photographièrent 21 sources manuscrites de ce fonds exceptionnel dans le cadre des vastes campagnes de documentation entreprises par l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes.
Voir ici les 21 sources de Toledo photographiées par les moines de Solesmes

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Ces photographies centenaires, aujourd'hui numérisées dans le cadre du projet européen Repertorium, révèlent un corpus d'une richesse exceptionnelle : témoins de l'ancienne liturgie hispanique, manuscrits aquitains de la transition liturgique, sources italiennes et cartusiennes, ensemble néo-mozarabe. Cette collection illustre parfaitement la diversité des traditions liturgiques et musicales qui ont convergé vers Tolède, faisant de cette cathédrale un observatoire privilégié de l'évolution du chant sacré en Europe médiévale.

L'Archivo y Biblioteca Capitulares : un trésor patrimonial unique

Origines et développement historique

L'Archive et la Bibliothèque Capitulaires de Tolède remontent à la fin du XIe siècle, étroitement liées au développement du Chapitre cathédralique après la reconquête de Tolède par Alphonse VI en 1085 et l'arrivée de l'archevêque Bernardo de Sédirac. L'adoption du rite liturgique romain en Castille (vers 1080) créa le besoin d'un dépôt bibliographique permanent pour soutenir la nouvelle liturgie, et les manuscrits liturgiques et musicaux apportés par les clercs ultramontains occupèrent les premiers rayonnages de la bibliothèque naissante.

Au cours des siècles XII et XIII, pour éviter leur détérioration, de nombreux documents furent copiés systématiquement dans les "Libri Privilegiorum", témoignant déjà de la conscience de l'importance de ce patrimoine documentaire.

La richesse des fonds manuscrits

L'archive de la cathédrale de Tolède se distingue par plusieurs fonds remarquables :

  • Manuscrits réservés : Un fonds de 26 volumes d'exemplaires de signification artistique, religieuse et culturelle particulière, composé notamment de missels et pontificaux de grand apparat
  • Cantorales : 35 grands cantorales utilisés pour le culte dans la cathédrale de Tolède
  • Archive musicale moderne : partitions et manuscrits des maîtres de la chapelle musicale (XVIe-XIXe siècles)
  • Sources du XIe siècle pour la liturgie de l'office en notation aquitaine : Les précieux antiphonaires E-Tc 44.1 et 44.2 constituent des témoins exceptionnels de la transmission de la notation aquitaine en péninsule Ibérique. Le manuscrit 44.1, daté vers 1020-1023, représente l'un des plus anciens antiphonaires complets notés en notation aquitaine, tandis que 44.2 (vers 1095) partage des éléments liturgiques distinctifs avec la maison clunisienne de Moissac en Aquitaine
  • Sources pour la liturgie hispanique ancienne (wisigothique ou mozarabe) : Le fonds conserve environ 40 manuscrits contenant cette liturgie autochthone de la péninsule Ibérique, notamment le manuscrit 35.4 qui préserve chants, lectures et prières du rite hispanique ancien avec sa notation neumée caractéristique. Cette tradition liturgique, utilisée généralement en Espagne et au Portugal jusqu'à la fin du XIe siècle, témoigne de la diversité des pratiques liturgiques peninsulaires avant l'unification romaine

Les moines photographes de Solesmes

Le contexte de la mission photographique

L'intérêt de Solesmes pour la liturgie hispanique ancienne ne date pas des campagnes photographiques du début du XXe siècle. Dès ses premiers travaux, Dom Guéranger manifeste une attention particulière pour cette tradition : dans son Année liturgique, il cite plusieurs fois des oraisons de la liturgie hispanique, et cela avant même que le volume de la Patrologie latine consacré à la liturgie mozarabe ne soit publié. Cette attention pour l'ancienne liturgie hispanique s'inscrit dans la démarche de restauration liturgique catholique initiée par Dom Guéranger dès le XIXe siècle.

Par exemple à la page 313 du volume 1 de l'année liturgique : 

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Les archives de Solesmes conservent dans les dossiers de travaux préparatifs de Dom Mocquereau et Dom Cabrol de nombreux inventaires et copies au calque de manuscrits de la liturgie hispanique ancienne, révélant l'ampleur du travail préliminaire aux campagnes photographiques. Il convient de noter que la fondation de Santo Domingo de Silos en 1880, troisième fondation de Solesmes, a certainement facilité l'accès aux sources manuscrites ibériques. Il est probable que des moines de Silos aient participé aux dossiers de travaux préparatifs aux campagnes photographiques, apportant leur connaissance du terrain et des fonds manuscrits espagnols.
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Les trois moines photographes

Dom Paul Blanchon-Lasserve fut l'une des figures principales de cette mission. Spécialiste de la codicologie, il publia en 1926 l'ouvrage de référence "Écriture et enluminure des manuscrits du IXe au XIIe siècle. Histoire et technique", édité par l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Ses photographies furent parfois sujettes aux aléas de l'histoire : les rouleaux de photos des manuscrits de Zwettl, prises en juillet 1914, durent être laissées dans les caves du château de Schönbrunn sur conseil de l'impératrice Zita et ne furent récupérées, fortement pâlies, qu'après le traité de Versailles en 1919.

Dom Amand Ménager participa également à cette mission photographique. Expert en sémiologie avant l'heure, il contribua notamment à l'édition du "Codex 47 de la bibliothèque de Chartres" avec les textes et tables de ce graduel. Il fut reconnu pour son travail minutieux de transcription des neumes sur les partitions, pratique habituelle des membres de l'Atelier Paléographique de Solesmes. L'abbaye de Solesmes conserve son graduel neumé qu'il réalisa en 1908, soit 58 ans avant l'édition du célèbre Graduel Neumé de Dom Cardine en 1966, témoignage de son caractère précurseur dans l'étude sémiologique du chant grégorien.
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Dom Maur Sablayrolles complétait cette équipe de photographes-musicologues. Il est particulièrement connu pour ses traductions et préfaces d'ouvrages de chant grégorien, notamment la "Méthode complète de Chant Grégorien" de Dom Grégoire M. Sunol. Son rayonnement dépassa les frontières, comme le rapporte l'abbé Maurice Blanc : "Il y a bien des années, dans un séminaire, un garçon de 15 ans entendit un jour – c'était la première fois – le chant lointain de l'antienne Veni sponsa Christi. Un moine français la chantait... Le moine était Dom Maur Sablayrolles, disciple de Dom Mocquereau, qui, au nom de Solesmes et avec la recommandation de S.S. Pie X, un an après la promulgation du motu proprio, fouillait les archives de l'Espagne à la recherche de manuscrits grégoriens".

 

Les manuscrits de l'Archivo y Biblioteca Capitulares : un corpus exceptionnel

Les témoins de la tradition hispanique ancienne

La cathédrale de Tolède conserve un ensemble remarquable de manuscrits du rite hispanique ancien, témoins de la liturgie autochthone de la péninsule Ibérique pratiquée avant l'adoption du rite romain à la fin du XIe siècle.

E-Tc : 35.4, Liber misticus et palimpseste, constitue l'un des témoins les plus prestigieux de cette tradition. Copié spécifiquement pour l'évêque de Tolède Martin Lopez de Pisuerga (1192-1208), ce manuscrit présente une notation neumatique tolédane caractéristique des XIIe-XIIIe siècles. Il contient les offices et messes de Pâques à la fin du Temps après la Pentecôte, révélant la persistance de la tradition hispanique même après l'adoption officielle du rite romain. Les recherches d'Emma Hornby et Rebecca Maloy (2013) ont particulièrement mis en lumière l'importance de ce manuscrit pour la compréhension des chants de Carême hispaniques et des canticules de la Vigile pascale. Manuscrit numérisé
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E-Tc : 35.7 offre un autre témoignage précieux avec son Liber misticus et Liber ordinarius provenant de la paroisse de Santa Eulalia à Tolède. Sa notation neumatique wisigothique horizontale de ductus tolédan illustre parfaitement les spécificités graphiques de l'école de Tolède dans la tradition hispanique (Hispania Vetus, p. 308). Index en ligne - Manuscrit numérisé
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E-Tc : 33.3 révèle la richesse de la liturgie monastique hispanique à travers ses Horae diurnae (heures diurnes). Ce Liber horarum de Sainte-Eulalie de Tolède, avec sa notation neumatique tolédane du XIIe siècle, organise minutieusement les heures privées nocturnes (complies et ante lectulum) et diurnes (tierce, quarta et quinta, sexte, septima et octava, none, et decima, undecima et duodecima), témoignant d'une structuration liturgique complexe propre au monachisme hispanique.

Ce manuscrit fait l'objet d'une découverte remarquable que j'ai publiée en juillet 2024 sur le Réseau Musicologie Médiévale : "C'est avec grand bonheur que je découvre ce jour un nouveau fragment pour le répertoire hispanique ancien, non repertorié dans la littérature. Ce fragment est un bifolio enregistré à la Bibliothèque royale de Bruxelles sous la cote ms. IV 945 / 1." Cette annonce avait immédiatement suscité une réaction d'Emily Wride (6 juillet 2024) : "A fantastic find! The fragment in ms. IV 945 / 1 is from the manuscript kept at Toledo Cathedral Archive, ms 33-3. When I viewed the manuscript a few years ago, there are photographs of these same folios included with the manuscript, as well as an official note. The folios were previously thought to be missing (Janini, Manuscritos liturgicos, p. 62), so it is great to know that they have not been lost completely." Cette identification a ensuite été confirmée par Raquel Rojo Carrillo et David Santana qui ont certifié la correspondance avec les pages manquantes d'E-Tc 33.3. Cette découverte illustre parfaitement la dispersion historique de certains précieux témoins et l'importance des outils numériques collaboratifs pour reconstituer des corpus fragmentés à travers l'Europe. Index en ligne - Manuscrit numérisé - Fragment de Bruxelles - Article sur la découverte

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Les manuscrits aquitains : témoins de la transition liturgique

L'ensemble des manuscrits en notation aquitaine illustre la pénétration progressive du rite romain en Espagne et constitue un laboratoire unique pour l'étude de cette transition majeure.

E-Tc : 44.1 représente un cas d'étude exceptionnel. Cet antiphonaire-responsorial bénédictin catalan, copié vers 1020-1023 au monastère de Sant Sadurní de Tavèrnoles pour l'abbé Ponç, révèle un cursus mixte (cathédral et monastique) qui témoigne d'une compilation de sources multiples. Sa notation aquitaine semi-diastématique sans lignes sur 176 folios (370 x 240 mm) présente un sanctoral ibérique où saint Saturnin apparaît comme patron principal. L'influence mozarabe se manifeste notamment par l'évitement systématique des fêtes en Carême, pratique caractéristique du rite hispanique. Le manuscrit contient également un Commun des Rois, témoignage direct des liens avec la cour royale de Sanche le Grand, ainsi que des offices propres pour Hilaire de Poitiers, Orientius et d'autres saints locaux (Collamore, 2001). Index Cantus Database - Manuscrit numérisé
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E-Tc : 44.2 constitue un témoin capital de l'évolution technique de la notation. Copié vers 1095, probablement par Gerald de Braga (moine de Moissac devenu chantre de Tolède), ce manuscrit présente une notation aquitaine diastématique innovante utilisant ligne de guidage et custos. Paradoxalement, malgré ces innovations techniques, le scribe principal conserve encore l'habitude archaïque d'écrire phrase par phrase, négligeant l'alignement précis avec la ligne de guidage, comme on peut l'observer dans l'antienne "Rorate caeli desuper" (f. 11r). Le manuscrit témoigne d'une transition cruciale : un scribe postérieur du début du XIIe siècle a ajouté des bémols référençant explicitement le gamut, marquant l'émergence d'une notation à hauteur spécifique. Au folio 92r, l'hymne polyphonique "Ad cenam agni providi" (marge inférieure) constitue le seul chant polyphonique du manuscrit, commençant significativement par "diapason" pour indiquer l'intervalle d'octave (Collamore, 2000, 2023). Ce manuscrit contient plusieurs chants et offices non recensés dans le Corpus Antiphonalium Officii d'Hesbert, notamment les offices d'Hilaire de Poitiers, de Saturnin premier évêque de Toulouse, de Géraud d'Aurillac, et d'Antonin de Pamiers. Index Cantus Database - Manuscrit numérisé
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E-Tc : 35.10 illustre la complexité des transmissions liturgiques. Ce graduel du XIIIe siècle, accompagné du kyriale (f. 133v) et des séquences, porte au dos la mention révélatrice "Officium Toletanum antiquum". Selon l'analyse du sanctoral effectuée pour le Graduel Romain (GR II, p. 141), ce manuscrit fut copié sur un modèle français pour une église d'Espagne, probablement un monastère de Tolède, comme le suggère l'alleluia du 11 juillet (Confessor Domini Benedicte pater et dux noster...) qui indique une origine monastique. Manuscrit numérisé
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Les manuscrits du XIIe au XIVe siècle

La collection comprend plusieurs types liturgiques remarquables :

  • Bréviaires : E-Tc : 33.5, bréviaire sanctoral de Tolède en notation aquitaine du XIIIe siècle (Manuscrit numérisé) et E-Tc : 35.9, bréviaire de Tolède (temporal à partir de Noël) en notation aquitaine du XIIIe siècle (Index détaillé - Manuscrit numérisé)

  • Missels : E-Tc : 37.18, missel d'origine espagnole en partie noté, fin du XIIe siècle, notation aquitaine sur une ligne à la pointe sèche (GR II, p. 141) (Manuscrit numérisé), E-Tc : 39.3 (XIVe siècle), E-Tc : 39.20 (missel et rituel des XIIIe-XIVe siècles), et E-Tc : 52.11, missel d'Arezzo (Italie) du XIIIe siècle. Contrairement aux autres manuscrits, celui-ci n'est pas d'origine tolédane mais provient d'Italie (Arezzo et Pérouse). D'après le calendrier et le sanctoral, ce missel semble originaire du diocèse d'Arezzo, avec des additions de saint François (canonisé en 1228) et saint Dominique (canonisé en 1234). Il présente une notation de l'Italie centrale sur 3 et 4 lignes à la pointe sèche, la ligne du fa colorée en rouge et celle du do en jaune (GR II, p. 142) (Manuscrit numérisé)
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  • Antiphonaires : E-Tc : 44.3, antiphonaire cartusien de la Grande-Chartreuse (1292-1317) en notation aquitaine des XIIIe-XIVe siècles, témoignant des échanges liturgiques entre ordres monastiques (Šter, 2017) (Manuscrit numérisé), E-Tc : 48.14 (XIIe siècle), et E-Tc : 48.15, antiphonaire avec lectures d'Italie Centrale (Pérouse ?) en notation d'Italie Centrale sur ligne (Nota Romana) des XIIIe-XIVe siècles, manuscrit de référence dans la thèse de Daniel Saulnier (2005) (Manuscrit numérisé)
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  • E-Tc : 39.12 : Pontifical du XIVe siècle

Les sources néo-mozarabes : renaissance et reconstruction

La collection comprend un ensemble unique de sources liées à la renaissance mozarabe initiée par le cardinal Cisneros et poursuivie jusqu'au XIXe siècle.

E-Tc : Cantoral D représente les cantorales mozarabes de Cisneros en notation mensurale du XVIe siècle. Ces manuscrits, étudiés en détail par Fernández Collado et ses collaborateurs (2011) et par Miguel Ángel López Fernández (2019), témoignent de la reconstruction néo-mozarabe opérée par Cisneros, qui mélange éléments authentiques et créations nouvelles. (Manuscrit numérisé)
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Les manuscrits E-Tc : sc ("Messe des Anges" d'origine inconnue en notation mesurée du XVIe siècle) (Manuscrit numérisé), E-Tc : sc [2] ("Canto gotico de la Capilla mozarabe de Toleda", 1853) (Manuscrit numérisé), E-Tc : sc [3] ("Laudae dicendae et canendae, secundum consuetudinem misti arabum huius civitatis Toletanae", XVIIIe siècle) (Moraleda y Esteban, 1909) (Manuscrit numérisé) et E-Tc : sc [4] (traité "Sobre el canto gothico y eugeniano, vulgo melodia", XVIIIe siècle) (Moraleda y Esteban, 1911) (Manuscrit numérisé) illustrent la continuité de l'intérêt pour la tradition mozarabe aux XVIIIe et XIXe siècles.
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L'héritage scientifique et la renaissance numérique

L'impact sur la recherche grégorienne

Ces manuscrits ont fait l'objet de nombreuses études académiques, notamment dans les catalogues de José Janini, Ramón Gonzálvez et Anscari M. Mundó pour les manuscrits liturgiques (1977), et de Klaus Reinhardt et Ramón Gonzálvez pour les codes bibliques (1984). Ils constituent des manuscrits de référence dans plusieurs thèses importantes, notamment celle de Dom Daniel Saulnier sur les variantes musicales dans la tradition manuscrite des antiennes du répertoire romano-franc (2005), ainsi que dans les travaux de Lila Collamore sur les collections aquitaines de chants d'office (2000).

Le Graduel Romain. Édition critique par les moines de Solesmes (tome II : Les Sources, 1957) constitue et reste une référence fondamentale pour plusieurs de ces manuscrits, témoignant de leur importance dans la recherche internationale.

 

 

Conclusion

Les manuscrits de la cathédrale de Tolède photographiés par les moines de Solesmes constituent un témoignage exceptionnel de la diversité et de la richesse de la tradition liturgique et musicale médiévale ibérique. Du remarquable antiphonaire aquitain du XIe siècle aux missels pontificaux du XIVe siècle, en passant par les précieux témoins du rite hispanique ancien, ces 21 sources manuscrites offrent un panorama unique des pratiques liturgiques de la péninsule Ibérique.

L'œuvre photographique de Dom Paul Blanchon-Lasserve, Dom Amand Ménager et Dom Maur Sablayrolles, réalisée il y a plus d'un siècle dans le cadre de la restauration grégorienne, trouve aujourd'hui une nouvelle jeunesse grâce aux technologies numériques et à l'intelligence artificielle. Le projet Repertorium, porté par l'Association Musicologie Médiévale, assure ainsi la pérennité de ce patrimoine exceptionnel et sa diffusion auprès d'un public élargi.

Ces manuscrits tolédans témoignent de la circulation des traditions liturgiques en Europe médiévale, des influences aquitaines aux spécificités hispaniques, et constituent une source inépuisable pour la compréhension de l'évolution du chant sacré occidental. Leur préservation photographique par les moines de Solesmes et leur renaissance numérique actuelle illustrent parfaitement la continuité de la mission de sauvegarde et de transmission du patrimoine musical que se sont donnée les institutions monastiques et académiques européennes.


Bibliographie

 

  • COLLAMORE, Lila, « Aquitanian Collections of Office Chants: a Comparative Survey », Ph.D. dissertation, The Catholic University of America, Washington, 2000
  • COLLAMORE, Lila, « Toledo, Biblioteca Capitular, 44.1-Its Origin and Date », dans Cantus Planus: Papers Read at the Tenth Meeting, Visegrád, Hungary, 29-31 August 2000, éd. László Dobszay, Budapest, Hungarian Academy of Sciences, 2001, pp. 29-31
  • COLLAMORE, Lila, « From Melody to Scale: The Eleventh-Century Transition of Musical Notation », 58th International Congress on Medieval Studies, Kalamazoo, Michigan, May 11, 2023
  • FERNÁNDEZ COLLADO, Ángel, RODRÍGUEZ, Alfredo et CASTAÑEDA TORDERA, Isidoro (coords.), Los cantorales mozárabes de Cisneros. Catedral de Toledo, Toledo, 2011, 2 vols
  • HORNBY, Emma et MALOY, Rebecca, Music and Meaning in Old Hispanic Lenten Chants: Psalmi, Threni and Easter Vigil Canticles, Woodbridge, Boydell Press, 2013
  • JANINI, José, GONZÁLVEZ, Ramón et MUNDÓ, Anscari M., Catálogo de los manuscritos litúrgicos de la Catedral de Toledo, Toledo, Diputación Provincial, 1977
  • LÓPEZ FERNÁNDEZ, Miguel Ángel, Los Cantorales de Cisneros: del canto hispánico al canto neomozárabe, Thèse de doctorat, Universidad Complutense de Madrid, 2019
  • MOINES DE SOLESMES (LES), Graduel Romain. Édition critique par les moines de Solesmes, t. II : Les Sources, Solesmes, 1957
  • MORALEDA Y ESTEBAN, Juan, El Rito Mozárabe, Toledo, F. Serrano, 1909
  • MORALEDA Y ESTEBAN, Juan, Mártires mozárabes de Toledo, Toledo, Rafael G. Menor, 1911
  • REINHARDT, Klaus et GONZÁLVEZ, Ramón, Catálogo de códices bíblicos de la Catedral de Toledo, Madrid, Fundación Ramón Areces, 1984
  • SAULNIER, Daniel, « Des variantes musicales dans la tradition manuscrite des antiennes du répertoire romano-franc : description, typologie, perspectives », thèse de doctorat, École Pratique des Hautes Études, Paris, 2005
  • ŠTER, Katarina, « Mary Magdalene, the Apostola of the Easter Morning: Changes in the Late Medieval Carthusian Office of St Mary Magdalene », Musicological Annual, vol. 53, n° 1, 2017, p. 9-53
  • ZAPKE, Susana (éd.), Hispania Vetus: Musical-Liturgical Manuscripts from Visigothic Origins to the Franco-Roman Transition (9th-12th Centuries), Bilbao, Fundación BBVA, 2007

Ressources numériques :

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Replies

  • Un grand merci, Michel.

  • Le récit des voyages paléographique de dom Blanchon et de dom Ménager en Italie, en Allemagne et en Autriche a été publié dans la revue Études grégoriennes :

    Études grégoriennes [EG] XXXV (2008), 105-173

    EG XXXVII (2010), 69-188

    EG XLI (2014), 161-212

    EG XLII (2015), 177-232

    EG XLIII (2016), 185-226

    EG XLIV (2017), 238-280

     

  • Dom Sablayrolles avait d'abord publié, en langue catalane, le récit de ses voyages paléographiques en Espagne, sous le titre « Un viatge a través els manuscrits gregorians espanyols », in 

    Revista Musical Catalana [RMC], vol. III, no. 29, mai 1906, 91-95

    RMC, vol. III, no. 31, juillet 1906, 131-132

    RMC, vol. III, no. 32, août 1906, 149-151

    RMC, vol. III, no. 35, novembre 1906, 200-203

    RMC, vol. III, no. 36, décembre 1906, 221-226

    RMC, vol. IV, no. 37, janvier 1907, 4-9

    RMC, vol. IV, no. 38, février 1907, 23-27

    RMC, vol. IV, no. 39, mars 1907, 48-51

    RMC, vol. IV, no. 42, juin 1907, 116-121

    RMC, vol. IV, no. 43, juillet 1907, 139-142

    RMC, vol. IV, no. 44, août 1907, 161-166

    RMC, vol. IV, no. 46, octobre 1907, 208-211

    RMC, vol. IV, no. 47, novembre 1907, 231-236

    RMC, vol. V, no. 49, janvier 1908, 4-6

    RMC, vol. V, no. 59, novembre 1908, 203-206

    RMC, vol. V, no. 60, décembre 1908, 227-230

    RMC, vol. VI, no. 61, janvier 1909, 9-15

    RMC, vol. VI, no. 63, mars 1909, 95-99

    RMC, vol. VI, no. 64, avril 1909, 132-139

    RMC, vol. VI, no. 65, mai 1909, 172-180

    Fichiers PDF disponibles sur  « Arxiu de Revistes Catalanes Antigues » (ARCA), https://arca.bnc.cat/arcabib_pro/ca/publicaciones/numeros_por_mes.d...

  • Dom Maur Sablayrolles a publié le récit, en français, de ses voyages en Espagne sous le titre « À la Recherche des Manuscrits Grégoriens Espagnols. Iter Hispanicum », in :

    Sammelbände der Internationalen Musikgesellschaft, Jan. - Mar., 1912, 13. Jahrg., H. 2. (Jan. - Mar., 1912), pp. 205-247 

    Sammelbände der Internationalen Musikgesellschaft, Apr. - Jun., 1912, 13. Jahrg., H. 3. (Apr. - Jun., 1912), pp. 401-432

    Sammelbände der Internationalen Musikgesellschaft, Jul. - Sep., 1912, 13. Jahrg., H. 4. (Jul. - Sep., 1912), pp. 509-531

     Fichiers PDF disponibles sur JSTOR.

  •  Merci infiniment !

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