Une question me taraude l'esprit depuis pas mal de temps, bien que mon opinion soit faite à la lecture de plusieurs ouvrages ou documents convainquants sur le sujet. 

Au sujet de l'accent latin il existe visiblement aujourd'hui encore des questionnements sur sa qualité : est-il léger et bref ou long et intensif? Transposé au chant grégorien, pour Solesmes (Dom Pothier et Dom Moquereau par exemple) l'accent latin est léger et bref, pour d'autres il est long et intensif.

D'après certains, jusque vers la fin du  IIème siècle l'accent latin est musical et bref et ce n'est qu'après qu'il est devenu long et intensif. Pour le chant grégorien, le Solesmes de la fin du XIXème et du début XXème s'en tiens aux règles du latin antique.

Appliqué à la musique pour savoir qu'elle est la valeure des notes du chant grégorien, quel est son rythme par rapport au texte, Solesmes par exemple (c'était aussi le cas d'Amédée Gastoué au début du XXème) répète un adage antique : "Musica non subiacet regulis donati" (la musique n'est pas assujetie aux règles de la grammaire).Leur position se résume ainsi : "dans le texte parlé, déclamé on respecte la quantité (syllabes longues et brèves) mais quand le texte est chanté, il n'y a plus à ce soucier de la quantité des syllabes (ce qui explique que des syllabes non accentuées puissent receoir plusieurs notes tandis qu'une syllabe accentué comme DOmine puisse ne recevoir qu'une seule note).

Je mets en pièce jointe un texte de Gastoué tiré de la revue numéro 3 de mars 1907 "La tribune de Saint Gervais" : le texte surligné en jaune traite de cette question.La tribune de Saint Gervais n°3 (mars 1907).pdf

Dans le chant grégorien, partant du principe que la musique est au service du texte, comment imaginer que celle-ci ne tienne absolument pas compte de la longueur des syllabes (sauf dans les hymnes et proses métriques). Comment expliquer également au niveau de la valeure des notes que comme le disait Solesmes (Dom Pothier et Moquereau mis à part que cleui-ci admettait la valeure différente de certains neumes) : quelles que soient la forme des notes, elles ont toutes la même valeure. C'est le carractère de la syllabe qui donne sa valeure à la note et non l'inverse. J'ai beaucoup de mal à adhérer à cette théorie, comme par exemple celle qui voudrait que la virga et le tractulus des manuscrits adiastématiques représentent la même valeure de note, l'une étant simplement plus aigu que l'autre.

Puisque les traités médiévaux parlent du chant grégorien comme de la poésie métrique latine avec des syllabes longues et brèves, et que ces mêmes traités médiévaux disent que le chant grégorien est métrique et numérique (notes longues et brèves) il parait impensable que la musique ne suive pas le rythme du texte.

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