Variantes textuelles des pièces chantées

Il serait bon de collectionner les "anomalies" textuelles, manuscrit par manuscrit, de les classer par ordre du texte biblique (3 colonnes : A = leçon vulgate ; Aa = occurrence liturgique de A ; B = leçon variante ; Bb = occurrence liturgique de B ; C = référence aux manuscrits aussi précise que possible. Je suis preneur et prêt à collaborer pour la recherche philologique. Dans ces cas de variantes textuelles, il faut toujours veiller à ne comparer que des passages dont l'homogénéité liturgique, chronologique et géographique est à peu près établie. Lorsqu'elle ne peut pas être établie, les théories sont dangereuses. A propos de Mt 2, 2 CUM MUNERIBUS (voir groupe de discussion sur le chant Vieux Romain), il n'y a guère que GREG CAO 7112 pour omettre la leçon CUM MUNERIBUS. Mais ailleurs CUM MUNERIBUS est maintenu : GREG CAO 5411 par exemple ou l'AMS pour l'ALL et la COM de l'épiphanie. L'opposition n'est donc pas toujours entre ROM avec clausule "cum muneribus" et GREG sans clausule en fonction d'une mentalité différence ou de je ne sais quels principes critiques. Il n'y a pas non plus d'écart en ce cas entre la messe et l'office. Par contre, à l'intérieur de la tradition ACO5411 on observe des variations entre manuscrits, les uns avec la clausule, les autres sans. Ainsi ACO5411 a le texte "épuré" dans G E (cursus romain) et L (cursus monastique), mais ailleurs il garde la clausule. En outre, la leçon variante "CUM MUNERIBUS" est attestée hors de la liturgie par quelques rares témoins (sur 173 cas variants relevés pour ce verset) : - un manuscrit du Nouveau Testament copié dans les années 800 et conservé au XVIIe siècle à l'abbaye de Marmoutiers, aujourd'hui London, BL, Egerton 609 - un florilège pseudo augustinien du Mont Cassin (VL Mt 2, 2 n°64) - Thascius Caecilius Cyprianus, évêque de carthage + 258 dont un témoin (ms. v) a la variante qui proviendrait d'un texte vieil africain. C'est trop peu pour penser que CUM MUN. soit le vestige d'un texte biblique pré-Hiéronymien. La majorité des témoins de toutes les bibles de l'ITALA et de l'AFRICA omettent la clausule. La stabilité du grec en cet endroit y conduit aussi. Le contexte critique est donc trop lourd pour que la clausule se maintienne. Tout porte donc à croire que l'absence de CUM MUNERIBUS n'est pas lié à l'ethos du chant GREG, sinon on l'aurait enlevé partout, et on aurait abandonné les versions VL dans toute la liturgie. On ne peut donc pas justifier par cet exemple la théorie selon laquelle l'omission de GREG correspondrait à une "mentalité" ou à la volonté carolingienne de purifier le texte de la Bible des interpollations non alcuiniennes. On ne peut pas non plus utiliser l'argument en faveur d'une date plus tardive des pièces "épurées" que des pièces avec la clausule. S'il y avait eu un "programme" à la source de cette suppression, pourquoi ne pas avoir appliqué le texte corrigé partout ? Personne n'a été gêné de conserver les versions vieilles romaines dans le répertoire musical orné.

You need to be a member of Musicologie Médiévale to add comments!

Join Musicologie Médiévale

Email me when people reply –