Séance du 22 mai 2018
Répertoires de Pentecôte
La fête de la Pentecôte se présente avant tout comme le terme final d’une période de joie spirituelle prolongée, qui a commencé sept semaines auparavant avec Pâques. Comme cette dernière, elle garde l’empreinte des fêtes juives de la Synagogue, conservées et réinterprétées dans les rites chrétiens : à cinquante jours de la fête de la Résurrection, voici l’évocation de la descente du Saint-Esprit, manifestation merveilleuse de la grâce divine, marquant le caractère surnaturel de l’Eglise. Tertullien la considérait comme une prolongation de l’allégresse pascale, avec laquelle elle ne formait effectivement qu’une seule période liturgique, ce qui confirme ces paroles de saint Irénée de Lyon : « Paschae diem significat et Pentecostes, qui est proprie dies festus. Eadem immunitate a die Paschae in Pentecosten usque gaudeamus ».
Sans s’attarder davantage sur l’origine ni la symbolique tardo-antique de cette fête, remarquons pour la période qui nous concerne, des Carolingiens jusqu’au « Temps des cathédrales », cette manifestation du lien avec Pâques, concrétisée par la célébration de la Vigile, le Samedi, qui reprend somme toutes la fonction de la Vigile Pascale et occasionne une semaine des Quatre-Temps, période de jeûne situé au commencement des saisons de l’année liturgique. On y baptise des catéchumènes, comme l’indiquent les livres liturgiques par le rituel de consécration des eaux lustrales, d’aspersion et d’onction. De nombreux ordinaires attestent d’un déroulement qui après les litanies, procède à une procession aux fonts baptismaux, parfois accompagnée de l’hymne Salve festa dies attribué à Venance Fortunat, un rituel d’illumination dans lequel on mentionne l’Accendite, chanté à haute voix à St-Arnould de Metz (1240), puis des lectures de l’Ancien Testament (Genèse avec la création, le sacrifice d’Abraham, Exode et Deutéronome ), alternées avec les traits qui souvent, reprennent ceux de la Vigile pascale. Le Salve festa dies comme le R/ Sedit Angelus, chanté au XIIe s. à Reims au milieu de la nef de la nouvelle cathédrale de Samson, rappellent à l’évidence pour les fidèles les festivités pascales célébrées quelques semaines auparavant, de même que les acclamations royales qui accompagnent les litanies. De même dans certains églises (Soissons, Laon, Reims), la séquence affectée reste toujours focalisée sur celle de Pâques, Fulgens preclara, et la rhétorique de cette blanche lumière du matin de Pâques.
Enfin, la messe de Pentecôte est une des rares à être encore pourvue, dans les églises qui ont conservé d’anciens usages pré-carolingiens, d’une antienne de fraction qui se chante avant l’Agnus dei à la fraction de l’hostie : soit le Venite populi gallican, par exemple à Vienne (F), encore vers 1240, repris de Noël ou de Pâques, sinon d’autres antiennes en Emilie et dans quelques évêchés de la péninsule italique à forte traditions locales non « romaines » : Corpus Christi accepimus ou Corpus tuum frangitur, perceptibles dans les témoins du XIIe s.
Programme :
- Parcours de la Messe et de l’Office de Pentecôte
- Séquence Veni sancte spiritus (Innocent III ou Étienne Langton, archevêque de Cantorbéry, + 1228)
- Préparation de la fête de la musique (21 juin) et révision des répertoires abordés cette année 2018
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