Un monument liturgique, artistique et musical du gothique méridional français : le grand Bréviaire de chœur de St-Étienne d’Agen (vers 1300)
À l’exception de St-Martial de Limoges et de Moissac – peut-être de Toulouse -, les livres liturgiques de la France méridionale ne sont pas souvent au cœur des recherches musicologiques sur le cantus. La recomposition progressive entre 1989 et 2008, du bréviaire de chœur de la cathédrale Saint-Étienne d'Agen, monument de l'art méridional gothique français est tout à fait retentissante sur le plan liturgique et musicologique, pour l’histoire de l’Office et des historiae. En effet cet énorme livre de très grand format (environ 40 x 50 cm) ressurgit d’une histoire plutôt mouvementée.
Probablement commandé par l'oncle du pape Clément V, Bertrand de Got, évêque d'Agen entre 1292 et 1313, il fut d'abord destiné à la cathédrale d'Agen. Récupéré en mains privées à la Révolution française, il a ensuite été dépecé et vendu à la fin du 19e siècle, de sorte qu'il est désormais conservés entre Paris (Bibliothèque nationale de France, ms. NAL 2511), Londres (British Library, ms. Add. 42132) et Baltimore (Walters Art museum, ms. W. 130), plus quelques feuillets isolés conservés l'un à Agen, et d'autres dans des collections privées.
Si les livres liturgiques sont souvent les plus luxueux des manuscrits, on conserve peu d'antiphonaires dotés d'une telle décoration. C'est ce décor (attribué entre autres à des ateliers toulousains) qui a permis le récolement des pièces éparses et les répertoires qui y sont contenus vont faire l’objet d’une indexation et d’une édition critique : ils nous donnent un nombre conséquent d’offices de saint locaux et régionaux, parfois rares (Foy, Caprais, Bertrand de Comminges, Geniès, Raphaël…), à côté d’autres plus répandus (Louis) et certains demeurant inédits (Augustin).
Dans cette communication à deux voix mêlant musicologie et histoire de l'art, nous souhaitons replacer le Bréviaire d'Agen dans la production de manuscrits liturgiques locaux, montrer les spécificités de son décor et de son contenu musical, ses liens avec la papauté d'Avignon et proposer également une approche méthodologique pluridisciplinaire du patrimoine, du rythme de la vie liturgique d’une cathédrale majeure du gothique méridional (13e siècle), elle-même disparue du paysage agenais depuis les tourmentes révolutionnaires. Le contexte de la papauté avignonnaise comme la reprise en main des évêchés méridionaux par un pouvoir royal centralisateur posent autant de questions relatives à la configuration de ce livre-monument.
Jean-Fr. Goudesenne (IRHT-CNRS) - Émilie Nadal (Docteure en histoire de l'art)
Communication le vendredi 13 à 9h
https://sfmusicologie.fr/sites/default/files/annonces/evenements/1-prog.-rmm-tlse.pdf
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