Bonjour à tous,
Ma demande, plus particulièrement à l'attention des spécialistes de plain chant (dont je ne fais pas partie, pardonnez mon peu de connaissances en ce domaine) est la suivante : auriez-vous la gentillesse de m'indiquer quelques exemples de chant liturgique monodique utilisant une clé de d ? (oui je n'en ai jamais rencontré encore!)
Le fameux anonyme IV mentionne à ce sujet son existence :
"Sed in principio ponunt unum signum sicut c vel f vel g et in partibus bene ponunt d. "
Dicit quidem 'in partibus', sed ubi ? Verbi gratia...
Merci d'avance pour vos réponses!
Bien amicalement,
Raphaël.
Replies
Je vous comprends.
Le problème principale (et pour cela j'avais choisi aussi cet exemple ancien de l'école de Chabannes à Limoges) ou l'obstacle de comprendre bien la théorie médiévale est que nous avons aujourd'hui une tête pleine du bric-à-brac théorique (dans ce cas il solfège modern avec sept syllabes) qui est déjà basé sur la même simplification fait des théoriciens du moyen-âge latin. Ça n'aide pas du tout, parce que les vrais problèmes de l'absonia sont les transpositions temporaires et leur fonctions dans l'architecture musicale. Il faut imaginer une division du tetrachorde par trois intervalles différents, et vous avez la discussion où exactement on fait la transposition la plus élégante et où on retrouve le système par des autres transpositions pour retourner à la position du début (en bref où on trouve la sortie du labyrinth). En fait, le part majeur des théoriciens latins n'aiment pas cette discussion (qui existe théoriquement depuis la reception de Ptolemée chez Boèce).
Peut-être votre expression "clé" n'était pas clair, mais il me semble que je vous avais compris quand même. Mais le clé est seulement un clé, ça veut dire ici, cette ligne, est le lieu du D re. Rebecca Maloy a discuté qu'il s'agît en fait d'une transposition, l'absonia où la même ligne devient le lieu du D mi. Au horizon de la théorie latine elle était très courageuse.
Anonyme IV ne parle pas de la transposition né d'un clé, mais de la mutation guidonienne entre les hexachordes qui est probablement une sorte de transposition faite pour éliminer la transposition (connue sous le terme «absonia») dans le système musicale. Cette discussion est simplement réduit à une autre, comment choisir le hexachorde juste pendant improviser un organum fleuri. Je pense avec la «partie supérieure» l'auteur de l'ars organi parle des notes localisés sur les bout des doigts de la main guidonienne et il parle des notes du cantus. Le problème ne sont pas les dissonances, mais les cadences sur les «concordances imparfaits» comme le quart et la quinte, il tritone ça va seulement comme une ornament du «paenultima», mais après il faut le résolver.
Votre citation de l'Anonyme IV est simplement une paraphrase pris de ce traité citée par moi qui est près de l'école de Léonin. La discussion est le choix entre les hexachordes. Si vous décidez comme un "organiste" ou «organisateur» de faire une quinte sur bécarré (b mi) dans le cantus, où un quart sous la même note, il faut choisir un quatrième hexachorde sur D ou d, ça veut dire «ut». Vous êtes dans le même hexachorde pour faire la quart sur cette note comme e re ou la quinte sous la même (E re). Comme cela vous trouvez toutes les «concordances imparfaits».
Dans le cas si on fait une cadence sur bémol (b fa), on doit choisir l'autre hexachorde sur F fa. L'expression grecque «synemenon» réfère au système des tetrachordes, parce que le tetrachorde synemenon (tetrachordum conjunctum) est le nom du tetrachorde entre a mese et d qui est connexe au tetrachorde meson entre E et a, alors c'est le pendant du hexachorde molle. Mais ici Anonyme IV parle du mode d'organum, pas du mode du chant ecclésiastique.
Bonsoir et merci Oliver pour votre érudition et votre réponse! Laquelle hélas reste assez confuse pour moi au regard de ma question. Je cherche un exemple de clé, donc d'un signe me semble t'il, noté en lieu et place du c, ou F ou g se présentant sous la forme d'un d. C'est ce qu'indique l'anonyme IV.
L'exemple que vous présentez, fort intéressant, ne parle pas de clé de d ou n'y renvoie pas, ou je vous ai mal compris? En revanche il me semble qu'il fait référence à la nécessité d'accorder les quintes justes qui se trouvent être fausses dans la main sans b rond entre b-mi et f-fa. Cela par l'usage d'un mi contre un mi ou d'un fa contre fa. Cela suppose en effet la création d'un hexacorde feint que l'auteur ne recommande donc pas, privilégiant l'usage du b rond. Je vous mets ma traduction puisque vous avez eu la gentillesse de partager la vôtre.
"Et quandocumque addemus aliquid quod non debet addi, uel subtraemus, quod non debet subtrai, figura est, que vocatur sinemenon.
Qualecumque autem organum cantus exigit in superiore parte manus, tale requirit in inferiori, licet quandoque fiat figuratum, vt hic Ad nutum domini et in hac alleluya Justus germinabit super hanc partem germinabit est figura, et super hanc Ad nutum domini et hoc sepe inuenitur in cantibus, et est maxima difficultas in organo. Tum nullus organizator debet hoc ignorare. Multa enim perturbatio uenit in superiore parte manus per b quadratum, vbi multi errant, quia semper oportet, quod, quando mi canitur in be fa b mi, quod aliud mi cantetur in f ut altum, et fa in g sol re ut, et re in e la mi, et alia non potest fieri, et ideo ponitur in b rotundum. Vnde oportet quod b rotundum habeat suas facturas per se et b quadratum suas."
"Et à chaque fois, nous ajoutons quelque chose qui ne doit pas être ajouté, ou nous retranchons [quelque chose] qui ne doit pas être retranché, c'est une figure qui est appelée sinemenon.
C'est pourquoi, quel que soit l'organum d'un chant, il est chassé dans la partie supérieure de la main comme il est requis dans [la partie] inférieure, bien qu'il soit fait parfois pourvu d'une forme [signe], comme dans Ad nutum domini, et dans Alleluia Justus germinabit ; il y a une figure [de sinemenon] sur cette partie germinabit et sur cet Ad nutum domini, et celui-là est fréquemment rencontré dans les chants, et il est d'une très grande nécessité dans l'organum. Dès lors, aucun faiseur d'organum (organizator) ne doit ignorer cela ! Car beaucoup de confusion arrive dans la partie supérieure de la main par b carré, où beaucoup se trompent parce qu'il est toujours nécessaire, lorsqu'un mi est chanté sur b-fa-mi, qu'un autre mi soit chanté sur f-ut aigu et fa sur g-sol-re-ut (et ré sur e-la-mi), et une autre [syllabe] ne peut être faite ; et c'est pourquoi on dispose par b rond. De là, il convient que b rond ait ses constructions/structures pour lui, et b carré les siennes."
Mais point de clé d...
Amicalement,
Raphaël, toujours en recherche...
Bien sûr, pas tous les clés sur re indiquent nécessairement l'absonia. Nous avions cette discussion d'un essay très intéressant de Rebecca Maloy concernant un clé d écrit par le notateur Adémar de Chabannes.
C'était en fait sous l'influence de l'ars organum et l'école de Notre Dame... Déjà le traité dit Organum du Vatican (Godt & Rivera 1984) parle de l'usage d'une quatrième hexacorde sur RE :
Il y a encore Jérôme de Moravie qui avait mentionné que les «chantres gaules» (=parisiens) avaient l'habitude de confuser le mode écclesiastique avec le mode d'organum. C'est au moins le contexte duquel parle Anonyme IV...
Merci pour ce document Dominique ! C'est un exemple fort intéressant aussi et j'ignorais qu'on écrivit en neumes de cette manière au XIVe siècle.
Cependant l'anonyme IV ayant dû être rédigé au plus tard dans les années 1270, et son auteur évoquant ici quelque chose ayant avoir avec une écriture plus ancienne, il ne mentionne que (parfois) l'usage d'une clé de d, qui je suppose pourrait être une quinte au-dessus du g ?
Merci pour vos lumières.
Raphaël.
Voici un exemple, extrait du manuscrit de Klosterneuburg, le Ms 1010, du XIVème, qui indique plusieurs clés (dont celle de B, si grave !):