En 2010, lors des rencontres de Largentière, Christian Brassy et Jeff Barbe avaient partagé leurs interrogations à propos d'un instrument joué par un ange musicien parmi cinq autres dans une fresque du 15e s. située dans l'église de Sail-les-Bains (42) :
Voici un extrait du compte-rendu des tables rondes :
Jeff Barbe propose une explication.
– La position des mains semble indiquer le jeu sur une flûte harmonique ou de type ocarina à deux trous.
– Les cerclages peuvent indiquer un assemblage de plusieurs pièces, mais aussi l'attache par un baudrier.
– Du fait de sa taille, l'instrument ne peut se concevoir qu'en un matériau léger : probablement une cougourde, dont on aurait travaillé l'allongement de la forme. Le porte-vent peut alors être constitué d'un sifflet emboité dans la partie principale.
La discussion animée tourne alors sur les autres possibilités d'émission du son : pourquoi pas une anche?
Seule une expérimentation permettrait de confirmer l'hypothèse proposée. Le tout est maintenant de trouver une cougourde adaptée...
Pour rajouter une pierre à l'édifice, voici une autre représentation de cet instrument dans le Queen Mary Psalter (v. 1310), MS Royal 2 B. VII, f. 83 (London, BL), au folio 83.
http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=52180
http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=52191
Replies
See an example of the play on the Slovak overtone flute called "koncovka":
https://youtu.be/cxP4boTR1aA?t=3m35s
Ce sont des cymbales
gallon said:
La représentation du château de Farcheville semble assez différente : elle fait beaucoup plus penser à la fujara slovaque. La main gauche de l'ange n'est plus en bout et on voit même un point noir qui doit être un trou de jeu. Si la main droite maintient simplement l'instrument, et que seule la main gauche ferme et ouvre différents trous de jeu, on se retrouve avec le même système que la fujara (trois trous de jeu), en un peu plus petit.
Mais on ne voit pas dans quoi souffle l'ange car il n'a rien dans la bouche.. Il faut donc commencer par se demander s'il s'agit bien d'un instrument de musique...
Pour en revenir aux deux premières représentations, est-ce que l'on peut imaginer un sifflet directement sur l'embout perpendiculaire et non sur le corps principal ? Je ne sais pas si cela pourrait fonctionner. Une autre solution serait de faire comme cela s'est fait au début du XXème siècle sur certains fifres : un trou de type flûte traversière et un conduit perpendiculaire qui dirige le souffle sur le bord de celui-ci : mais cela se verrait sur les représentations et ce n'est pas le cas.
harpe , psalterion, flute et tambour, et ? on drait une grande toupie?
Dans London BL MS Royal 2 B. VII nous voyons que cet instrumentiste joue avec un sonneur de hautbois.
Quels sont les autres instruments qui se trouve dans l'église de Sail-les-Bains ?
bonjour,
j'ajoute à la réflexion la peinture du château de Farcheville (91) (merci Christian Brassy)
Jean-Daniel Talma a également beaucoup réfléchi à cet(s) instrument(s).
je lui ai commandé une restitution cette année.
l'instrument est un peu grand car je lui ai demandé un SOL 440.
en ce qui concerne la gourde , j 'en ai une qui correspond exactement, ca fait un moment que je voulais justement tenter quelque chose autour de cet instrument
Très intéressant de rencontrer ainsi deux représentations du même instrument inconnu par ailleurs, dans deux représentations totalement indépendantes. D'autant que les deux représentations concordent sur pas mal de points, la première étant probablement un peu plus schématique.
Je rejoins Jeff Barbe : je reconnais également, dans la position de la main gauche, la position typique du jeu d'une flûte harmonique et c'est encore plus flagrant sur la seconde image. La courbure de l'instrument permet d'ailleurs de gagner un peu sur la longueur comme j'ai déjà pu l'expérimenter en m'amusant ainsi avec des tuyaux : il suffit souvent de pas grand chose pour gagner en confort lorsque la longueur du tuyau est un peu limite par rapport à celle du bras.
On retrouve dans les deux cas les mêmes traits perpendiculaires qui sont clairement des ensembles de trois tores contigus dans l'enluminure : il peut s'agir soit de raccords dans le cas d'un instrument fabriqué en plusieurs segments, soit de cerclage si l'instrument est, au contraire, fabriqué en deux "coques" accolées, ou enfin simplement de décors...
L'embouchure pourrait faire penser, au premier abord à celle de la fujara mais on n'a pas ici le petit tuyau extérieur qui remonte l'air jusqu'en haut de l'instrument, on serait donc plus près des flûtes harominiques suédoises, sauf que sur aucune des deux figurations n'est représentée la fenêtre de la flûte. Instrument à anche ? difficile me semble-t-il d'obtenir un spectre d'harmoniques intéressant mais je n'ai jamais essayé...