Le bréviaire de Saintes, coté 16 309 à la BNF a été mis en ligne le 7 janvier 2013. Il est consultable sur le lien suivant:
Le catalogue de Leroquais, T III, 1934, pp 267-271 en donne une description détaillée et le date du XIIIème siècle, 2ème moitié ou fin.
Nous allons le comparer avec deux autres bréviaires, bien plus anciens:
     1) Le bréviaire de St Martial, coté 743, du XIème siècle.
     2) Le bréviaire de Pereisc, coté 742, du début XIIème.
Ce manuscrit nous a paru présenter un double intérêt.
L'analyse de ses variantes le place bien évidemment dans la famille de Saint Martial. Cependant, bien que de la seconde moitié du XIIIème siècle, il conserve d'une manière fidèle des cordes de récitations sur MI quand celles-ci sont déjà omises dans des témoins bien antérieurs
La comparaison des trois versions de l'invitatoire  Hodie si vocem Domini audieritis est éloquente:
La comparaison est éloquente. C'est bien le 16309 qui conserve le plus de MI à l'intonation...
Le second intérêt, qui découle du précédent, est que ce même ms connaît et utilise très régulièrement le signe du bémol...Vu l'autorité que lui confère cette fidélité aux cordes primitives de récitation, son avis sur la qualité des SI sera à considérer avec une grande attention...
Cependant, Lat 743 conserve plus de finesse rythmique dans la transcription des notes.  (voir par exemple "CORda vestra").

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Replies

  • Je prends acte, une nouvelle fois, de ce que vous avancez; mais on ne juge pas la valeur du témoignage d'un manuscrit  sur une tendance, surtout, s'il s'agit d'une question particulièrement difficile et  controversée...

  • Pour résumer les tendances de ce ms, j'avance ceci:

    le témoignage sur le bémol est toujours fiable, mais celui du bécarre est parfois sujet à caution, en particulier en 8ème mode, dans les passages de même facture que la contruction mélodique re-mi-FA-mi-re-mi   re-mi-FA-mi-re-mi-mi-re du passage "oratio mea" appartenant au  GRAD Dirigatur, transposé en sol-la-SI(b)-la-sol-la ....etc...par exemple dans le répons Dixit Ruben fratribus suis

    http://gregofacsimil.free.fr/01-Restitution/Repons/Repons-en-pdf/32-Dom-III-Quadr/01-Ad-Matutinum/0…
  • Bon, sur certaines cordes de récitation, le ms de Saintes  (BNF 16 309, du 13e siècle) est meilleur que le bréviaire de Saint-Martial (BNF 743, du 11e siècle), mais en d'autres endroits, il corrige la version antique. Donc son témoignage notamment sur le SI bémol n'est pas fiable, tant que la  preuve n'est pas donnée.

  • La zone germanique est trop sujette à des fluctuations (Demi-Ton/Ton..ou plus) dans ses témoignages, même les plus anciens, pour être crédible dans ce domaine...

  • Cher Luca, Il m'a paru intéressant, à ce propos, de balayer assez rapidement une trentaine de témoins répartis entre:

    Zone 1: Allemagne Nord-Centre

    Zone 2: Rhin Régions basses Notation à clous

    Zone 3: Rhin Régions basses Notation carrée

    Zone 4: Lorraine

    Zone 5: France Nord Centre

    Zone 6: Régions Insulaires

    Zone 7: Région Aquitaine

    Zone 8 : Cisterciens

    Tableau synoptique:

    9126749481?profile=original

    Il est à noter l'influence très forte de la corde DO en Zone 1. Je n'ai pas transcrit de témoin d'Europe Centrale qui, s'ils s'accordent avec cette zone, choisissent, à la manière de BNF lat 16309, de "travailler la finale" (par exemple, non présent ans le tableau: les mss de Klosterneuburg). C'est aussi le cas des cisterciens (Zone 8).

    La zone 2 ( Régions basses/Not à clous) est divisée entre  SI bémol (Aachen 20 !) et DO.

    La zone 3 (Rhin Régions basses / Not carrée) indique SI sans préciser sa valeur (en fait probablement bémol, car à cette époque, dans cette région, le SI bécarre, du fait de son instabilité, serait passé à DO !)

    La Zone 4 (Lorraine) fait l'unanimité autour du bémol...

    La zone 5 (France Nord Centre) hésite entre SI (bémol) et réduction formulaire sans le SI.

    La zone 6 (Régions Insulaires): (Everingham et Worcester 160, non rapporté ici): SI

    La zone 7 (Région aquitaine, en fait des mss d'origine Clunisienne): SI (le signe ornant le SI [un bémol?] dans BNF lat 12044 est trop peu visible pour être interprété d'une manière claire)

    Pour résumer: seule la zone Allemagne et Europe Centrale témoignent pour DO. Plusieurs d'entre eux tentent une standardisation en une formule plus "classique" de conclusion en 8ème mode.

    En ce qui concerne les quilismas de Hartker, leur forme à deux ou 3 anneaux ne me semble pas  convaincante pour orienter un choix en faveur du SI bécarre.

    Il suffit d'observer les deux exemples suivants:

    9126749284?profile=original

    A "conFUNdar" le quilisma est à trois boucles, tandis qu'à "conVERsus", le quilisma est à deux boucles, mais dans tous les cas, la formule est naturellement construite avec un demi-ton supérieur (concurrencé là aussi d'ailleurs par la tierce mineure en zone germanique...).

  • Absolument. De même à "VEstra". Le 16309 a parfois tendance à doubler les notes...

    En ce qui concerne l'emploi du bémol, une étude attentive fournit quelques éléments supplémentaires:

    Utilisation constante du bémol en premier et en quatrième mode.

    Par contre l'emploi répété du bécarre dans certains contextes bien particuliers me semble être une corruption...

    Voir, par exemple, au fo 38r, le R Parvulus natus est nobis:

    proxy?method=R&ark=btv1b90676822.f44&l=5&r=234,3138,567,517

    L'hésitation est manisfeste entre les bécarres signalés aux deux "NObis" et le bémol à "admirabilis". La tradition affirme avec vigueur le bémol au premier "nobis" (hors zone germanique) et au second "nobis" (zone germanique incluse).

     (On retrouve la formule du second "nobis" dans la COM Modicum, à "iterum MODICUM").

    Le copiste utilise le même incipit au R Factus est sermo Domini (fo 76v), plus tardif, employé au Dimanche de la Quiquagésime:

    proxy?method=R&ark=btv1b90676822.f86&l=5&r=1022,928,259,526

    Le scribe opte pour le bémol à "DoMIni".

    Dans d'autres cas, pour mieux asseoir son choix du bécarre, il se isque à standardiser une formule de conclusion. C'est le cas au R Cæcus sedebat (fo 78r), à "lumen":

    proxy?method=R&ark=btv1b90676822.f87&l=5&r=2280,3112,235,451

    ....alors que le ms lat 743, de deux siècles son prédécesseur, donne la conclusion traditionnelle:

    proxy?method=R&ark=btv1b90724786.f126&l=5&r=1436,3234,161,636

    qui, à "LUmen" est structurellement contruite avec un SI bémol en son sommet!

  • Bravo. Pourtant sur "corDA", le manuscrit de Saintes semble moins bon que le premier.

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