Le psautier des matines romaines du dimanche au TP appelle trois antiennes de même structure :

- Allelúja, * lapis revolútus est, allelúja: ab óstio monuménti, allelúja, allelúja. (presque, mais pas exactement, CAO 1345)

- Allelúja, * quem quæris múlier? allelúja: vivéntem cum mórtuis? allelúja, allelúja. (CAO 1350) 

- Allelúja, * noli flere, María, allelúja: resurréxit Dóminus, allelúja, allelúja. (CAO 1348)

Sandhofe a rendu ces trois antiennes sur une restitution mélodique de son cru d'une antienne-type du vieux fonds dont l'archétype est justement Alleluia Noli flere. Je vais les considérer à tour de rôle dans l'ordre inverse.

1. Alleluia Noli flere : elle est au vieux fonds, très abondante dans les manuscrits du 11e-12e, avec quelques ambiguités sur le movement mélodique du deuxième membre (resurrexit dominus), qui ne peuvent être levées par la consultation de manuscrits diastématiques, qui présentent deux profils : soit "dominus" se stabilise sur Do, là où commence - cela ne fait pas de doute - l'alléluia qui suit, soit il se stabilise sur La, en mouvement ascendant (Fa-Sol-La ou Sol-Sol-La selon les sources).

Restitutions existantes : je n'ai pas trouvé cette antienne, ni dans les A&R de Msgr Turco, ni dans l'AM de Solesmes, ni dans les autres travaux récents. Cette antienne a été conservée avec le texte "Verbum caro factum est... Et habitavit in nobis" par les dominicains : https://gregobase.selapa.net/chant.php?id=9960 (et probablement d'autres instances de cette mélodie-type). Cette survivance ne peut être complètement ignorée. La tradition dominicaine emploie la variante en Fa-Sol-La pour la deuxième phrase (sur "in nobis").

J'ai restitué une version avec Do-Do-Do, qui me semble plus proche des sources, mais c'est très discutable : https://nocturnale.marteo.fr/proposal/P1F1N3A/marteo/

2. Alleluia Quem quaeris : pas au vieux fonds, mais très abondante dans les manuscrits du 11e-12e. Chaque manuscrit lui donne la même mélodie qu'à Alleluia Noli flere. J'ai donc fait de même ici : https://nocturnale.marteo.fr/proposal/P1F1N2A/marteo/

Point intéressant à noter, les manuscrits séparent en deux la clivis du -a de María pour s'adapter au dactyle múlier,  l'accent étant toujours sur le La. Par contre, ce n'est pas le cas du mouvement ascendant de la deuxième phrase, qui est purement syllabique et ignore l'accent. J'ai suivi les manuscrits en ceci.

3. Alleluia Lapis revolutus est

CAO 1345 n'a pas l'alléluia intermédiaire entre les deux phrases, qui caractérise ce groupe d'antiennes ; elle est au vieux fonds et a été restituée dans les A&R par l'équipe de Msgr Turco : https://gregobase.selapa.net/chant.php?id=15037

Il faut choisir entre modifier cette antienne pour inclure l'alléluia demandé par le texte liturgique, ou bien pasticher l'Alleluia Noli flere, comme l'a fait Sandhofe.

Un avis ? Est-ce qu'il y a un meilleur archétype de cette mélodie ?

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