• Nov 3, 2015 at 9:00 to Nov 4, 2015 at 19:00
  • Location: Université Paul-Valéry - Montpellier, site Saint-Charles
  • Latest Activity: Jun 22, 2021

Redécouvert au début du XXe siècle, mieux connu grâce à l’édition de Richard H. Hoppin dans les années 1960, puis par les travaux du colloque de Paphos en 1992 et plus récemment par ceux de Karl Kügle, le manuscrit de Turin J.II.9 a suscité récemment un regain d’intérêt parmi les musiciens et les chercheurs, tant musicologues que littéraires. Ce témoin exceptionnel intéresse la critique à plus d’un titre : d’abord par les difficultés que pose son origine tournée d’une part vers l’Italie, de l’autre vers la cour « française » de Chypre, au carrefour des cultures, entre Orient et Occident ; ensuite parce qu’il s’agit d’une rareté sur le plan codicologique, un manuscrit « mixte », associant un volet liturgique et un recueil de poésies de cour, de surcroît intégralement anonyme et destiné à un usage incertain ; enfin, en ce qu’il conserve un art « subtil » qui, à l’âge de la dissociation entre poésie et musique, entérinée à la fin du XIVe siècle par L’Art de dictier d’Eustache Deschamps, présente un exemple de combinaison étroite entre les deux media, la musique faisant « entendre » les ambiguïtés du texte, révélant sa profondeur spirituelle ou sa grinçante ironie, tout en conservant son autonomie formelle et exploitant les ressources de sa propre expressivité. Dans le cadre du projet « Voix plurielle » initié en 2011 au CEMM de l’Université de Montpellier, en collaboration avec l’ensemble vocal Mora Vocis, il s'agit de faire le bilan des recherches actuelles sur le manuscrit et de poser de nouveaux jalons dans l’étude des liens entre poésie et musique au XVe siècle. L’objectif est d’éclairer la richesse et l’originalité d’un répertoire à double entrée, musicale et littéraire. Si la qualité et l’homogénéité du corpus musical ont été remarquées assez tôt, l’appréciation s’est souvent limitée à celle d’un art maîtrisé et élégant, mais relativement conventionnel. On voudrait revenir sur cette lecture et ouvrir de nouvelles pistes d’analyse, en s’appuyant sur les acquis de la recherche dans les domaines historique, iconographique, musicologique et littéraire. Par-delà son appartenance au courant musical dit de « l’ars subtilior », le recueil de Turin J.II.9 constitue à bien des égards un hapax dans la production artistique de la fin du Moyen Âge. L’objectif de cette rencontre est de l’appréhender comme une « œuvre » à part entière, de le situer plus précisément dans la culture de son temps et de le faire entendre autrement, de manière holistique, par l’expérience du son et de la voix, comme par l’intériorisation de la lecture, voire de la méditation. Dans cette perspective, les propositions de communications pourront s’organiser en plusieurs axes :

1)  la matérialité du codex : composition, contexte et modalités de transmission. 2)  la question chypriote et la figure du roi Janus dans le manuscrit. 3)  l’articulation poésie/musique. 4)  l’écriture poétique, entre tradition et innovation. 5)  les liens entre l’université de Padoue, l’humanisme vénitien et Chypre. 6)  l’articulation des liturgies occidentales et orientales. 7)  l’interprétation et la restitution musicales

Un spectacle témoignant de la collaboration entre chercheurs et musiciens sera programmé pendant le colloque et permettra de prolonger les débats, tout en donnant un « corps sonore » à l’objet même de ces rencontres.

Durée des communications : 30mn.

Les propositions de communications sont à envoyer aux contacts ci-dessous avant le 30 avril 2015 :

     - Gisèle Clément, MCF en Histoire des musiques médiévales : gisele.clement@univ-montp3.fr

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