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Cette nouvelle discussion prend sa source dans le répons précédemment analysé Ecce veniet Dominus protector noster.

Le torculus final ornant la mélodie de "regni haBENS"

est différemment traduit dans nos tableaux synoptiques: LA-SIb-LA/LA-SI-LA/LA-DO-LA. Nous observons la même diversité dans le répons Ecce Dominus veniet et omnes, à "indie ilLA".

Nous tenterons une explication de ces variantes tout en justifiant notre choix.

Nous étendrons ensuite notre analyse aux SIb/SIbécarres à un autre passage, tout aussi délicat, vers la fin du répons. Il s'agit de la mélodie ornant "in æternum" :

Afin de poser notre argumentation sur une base solide, nous avons dressé un tableau synoptique sur une base de 96 manuscrits, répartis par régions. Pour diminuer la charge générée sur le Réseau (qui limite à 7 Mo quotidiens les chargements d'images) nous avons généré 6 liens. Les trois premiers sont le résultat d'un "sondage" sur 49 manuscrits, les trois derniers constituent un "complément d'information". On y retrouvera donc des régions déjà visitées...Pour les témoignages ROM et MIL, je confie les commentaires à la perspicacité de Luca ;-)

Tableau_01

Tableau_02

Tableau_03

Tableau_04

Tableau_05

Tableau_06

La mélodie de "habens" se voit régulièrement attribuer un bémol, attesté directement (par exemple NL_Uu_Ms_0406 (Utrecht 406) ou D_W_Cod_Guelf_Nov_0310 (Wolfenbüttel) et globalement par la tradition lyonnaise et cartusienne (seule exception :F_A_Ms_6711, chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon) et un témoin en Europe Centrale A_Gu_Ms_29 (Graz) ;

 parfois indirectement par le bécarre signalé à "lux", par manière de contraste : encore Utrecht 406 ou E_Tc_Ms_44_02 (Tolède 44-2), F_LYm_Ms_6699 (Lyon) ou F_Pn_Ms_Lat_16309 (Saintes).

Le bécarre lui même peut s'observer directement dans F_Pn_Ms_Lat_00796 (Montiéramey, diocèse de Troyes) ou I_VCD_Cod_170 (région de l'Artois).

Le DO compte lui aussi de nombreux suffrages. Notons au passage le comportement des mss italiens, où les divergences SI (bémol ?)/DO s'estompent au profit du SI (bémol ?) dès que l'on s'éloigne du nord.

De plus, une observation attentive, pour chacun des répons, de leurs tableaux synoptiques respectifs, montre une grande stabilité dans la transcription de la formule "coronam regni habens" / "in die illa". En clair, une fois la formule choisie, elle reste identique dans les deux cas et ceci, indépendamment du contexte environnant. En effet, dans le second cas, l'enchaînement de "lux magna" sur (DO)-SI bécarre n'infléchit nullement la formule. Le témoignage du Utrecht 406 est à ce propos fort explicite:

Cette "stabilité" est d'autant plus remarquable que, dans la Messe, une formule analogue, ornant les mêmes mots "in die illa", le contexte environnant a généré une inflexion:

Dans la communion Ecce Dominus, le torculus de "ilLA" est surmonté d'un "sursum", donc SI bécarre, tandis que dans l'autre communion, le contexte "a parte post" impose de traduire le "sursum mediocriter" par le SI bémol !

Dans ces conditions, pourquoi une telle différence de traitement dans les répons ?

En fait dans l'Office, l'ornementation a été considérée comme une simple adaptation d'une formule du septième mode. Citons les exemples suivants :

Les emprunts au septième mode apparaissent ainsi clairement !

Nous poursuivons notre analyse en nous reportant à la fin du répons Ecce Dominus veniet:

La formule "in aeternum" utilise la même architecture que l'intonation :

Dans la suite de la formule, le demi-ton LA-SI (bémol) est attesté d'une manière directe par des témoins tels que I_Vcd_Cod_170 (Artois), F_Pn_Ms_Lat_16309 (Saintes) et, plus symptomatique, par I_Vcd_Cod_37 (Vercelli) et, par manière de prolongement, mais d'une manière indirecte, par I_BV_Ms_019 (Bénévent !) ainsi que par les "levate/sursum" de Hartker et de D_B_Ms_mus_40047 (Quedlindburg).

Le retour au bécarre à "aeterNUM" est facile à démontrer. Seul I_GO_Ms_A (Gorizia) l'explicite, mais, par exemple, les grattages de bémols dans F_ME_Ms_0083 (Metz 83) et F_VN_Ms_0128 (Verdun 128) témoignent indirectement de l'utilisation du bécarre.

Les autres parties du répons ne posent pas de difficulté particulière.

En conclusion, nous proposons la restitution suivante:

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Replies

  • Travail magnifique! il ne reste plus qu'à le lire en détail !

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