Vous trouverez dans les Discussions en ligne, Gregorius fabricator cantus ? un bref article, un résumé de mes travaux, qui plaident pour une réévaluation des éditions critiques des chants de la Messe comme de l'Office, et qui, à l'instar des positions de Philippe Bernard, présentées déjà depuis 1995 dans les Mélanges en l'honneur de Dom Jean Claire, confirment l'hypothèse d'une première refonte anglo-neustrienne au 8e siècle, très certainement antérieure, du moins nettement indépendante de l'archétype messin ou lotharingien, qui s'est trop aisément imposé dans un modèle de développement bien trop simpliste chez les grégorianistes depuis plus d'un siècle...
Le débat est ouvert !
Jean-François Goudesenne, Pâques 2014
Comments
Since the author Jean-François Goudesenne has removed his draft, I would like to announce an older article, where he has written about certain feasts which were created during the 9th century:
Cher Jean-François Goudesenne
Je suis d'accord qu'on doit retourner avec les pieds sur la terre et, pour un philologue qui dépend fortement des manuscrits avec la notation neumatique, ça veut dire de non plus échapper l'histoire politique de la période des sources.
C'est déjà une habitude des historiens de se moquer de nous, et adresser la parole "chant grégorien" au pontificat de Grégoire VII au temps de l'abbatiat de Désiré à Montcassin.
Mais malgré de votre effort d'intégrer la division de l'empire dans une carte géographique des traditions liturgique, l'histoire de la division est bien complexe et ces divisions ne durent pas beaucoup. Malgré du fait que Lothar avait donné à la région autour de Metz, nous avons les ambitions infructueuses de Charles le Chauve de conquérir l'empire moyenne ou l'Austrasie et les frontières changent du nouveau et pour la cinquème fois en 880 (selon le contrat de Ribemont).
Concernant la dynastie ottonienne (100 annés plus tard), on doit se rendre compte qu'ils avaient les ambitions beaucoup plus grandes. On voulait unifier toute la liturgie en Italie, parce que on savait que cela n'existait pas encore. La parte méridionale était un tapis des pièces avec beaucoup des provinces écclésiastiques abandonnés et désertés. C'était pour cela que les Ottoniens avaient le plan, non seulement de restituer l'unité de l'Empire, mais aussi de chasser dehors les Arabes de la Sicile. Tout le discours sur les clunisiens comme les antisémites contre les juifs et contres les musulmans, venaient du fait qu'ils avaient suivi cette idée des Ottons. Dans la pratique ces plans ambitieux se brisent avec la mort d'Otton II en Reggio Calabria qui soulignait la faillite de sa guerre contre les Arabes.
C'était le même destin du Pape Léon IX qui s'avait unifié avec Byzance et avec les princes de Bénévent contres les Normands, et faisant la guerre en personne il avait perdu sa vie comme prisonier des Normands. Néanmoins c'était lui qui avait fondé une papauté de la réforme (et ici, on a la seule explication pourquoi la clergie clunisienne avait partagé à l'histoire des croisades et pourquoi leurs successeurs les "anti-clunisiens" cisterciens les avaient suivi, au moins dans ce respect). Une réforme italienne administrée par les "centres" Montcassin (la liturgie monastique) et Bénévent (les variés rites locales) n'était pas réalisable avant l'unification avec les Normands. Leur politique en Sicile avait installé les provinces écclésiatiques et leurs acceptance de l'école juridique des musulmane sans intervenir dans leurs affaires était le secret, comme ils ont réissu dans la conquête en Sicile. En même temps on avait une autre échange avec la liturgie normande en Sicilie et le pouvoir pour continuer ce grand projet d'une réforme des liturgies locales au moins à Montcassin.
C'est pour cela que je regarde la frontière entre Neustrie et Austrasie plus que perméable. Prenez comme exemple, svp, le manuscrit Albi, Bibliothèque municipale 44 écrit à la fin du IX siècle. Emerson a fait l'hypothèse, que ce manuscrit était un transfer de la liturgie du Graduel-Sacramentaire de Compiègne (il manque de la liturgie locale, mais il y a beaucoup des coincidences avec ce manuscrit associé avec Charles le Chauve). Certainement les concordances liturgiques ne suffient pas, on avait encore besoin d'une explication historique pour vérifier cette hypothèse.
Merci pour vos réponses. Je voudrais vous assurer que j'aime beaucoup votre manière de poser les questions difficile à répondre, mais parfois je suis surpris où vous désirez de cesser les suivre...
> nous ne savons rien des usages originaux des ostro- e wisigoths
Mais ça va, je ne comprends pas cette modestie en face des toutes les sources (la persecution de l'arianisme comme hérésie et la distinction entre les rites "ecclésiastiques et paganes", et normalement Ravenne et Milan figurent entre les derniers, quelquefois même après l'évêque Ambroise). C'est exactement le point où l'histoire des églises rencontre celle de la politique.
> ai-je dit cela? En tout cas, peut-on dire que la Jérusalem d'avant la conquête arabe était bien byzantine?
Bien sûr, mais comme j'ai dit, les empereurs byzantins n'avaient pas beaucoup d'intérêt de changer les rites locales (les relations diplomatiques avec un pape étaient souvent malgré à la résistance des patriarches à Constantinople). Je ne peut pas verifier, si les grecques en Italie médiévale avaient identifié d'être "romains orientales" ou non, mais il faut comprendre qu'ils étaient toujours une sorte des anarchistes comme les ermites, parce que c'était bien normal que l'abbé avait fait le propre typikon dédié à son monastère, et seulement à ce monastère, même après 789, et on avait les propres redactions des textes liturgiques.
Je voudrais seulement dire que la présence des deux liturgies divines ou d'un trisagion ne dit pas trop sur un possible influence byzantin (même Rome peut servir comme l'exemple par excellence de cet influence, mais cette vue particulière ne correspond exactement aux besoins des "grégorianistes"). On peut regarder la présence de celle basilienne comme un archétype d'un rite cathédrale locale ("pré-carolingien" selon l'imagination de Charles le Chauve dans sa lettre).
La liturgie de Saint Basile était aussi un modèle pour le nouveau monachisme urbain partout, mais celle de Saint Jacques plus une imitation d'un rite locale, malgré du fait que Saint Basile avait crée la première pour Constantinople (où elle était évidemment trop longue). Il s'agît quand-même d'une des plus vieilles liturgies, au moins en comparaison avec les formulaires qu'on voudrait associer avec la messe romaine qui sont beaucoup plus tard.
Avec votre hypothèse je voudrais seulement constater que j'ai vu beaucoup plus d'influence de Milan à Rome que vice versa. L'ordre des rées ou des empereurs d'imiter le rite romain ne dit pas nécessairement qu'ils avaient vraiment une connaissance profonde de ce modèle. À la fin tous les chantres se servaient cette prétexte d'être romain ou en plus "grégorien" (avec l'imagination que la Schola était déjà fondée par lui-même), et si non romain, au moins ambrosien, n'importe quoi on fait à Rome ou à Milan. C'est au moins mon explication de la citation et ces deux références principales.
En tout cas, on pourrait facilement supposer que une célébration de la messe hagiopolitaine était une usance particulière (hors de Jérusalem) réservée à un jour de la sainte semaine, mais il faut vérifier cela pour la période de Charles le Chauve. En générale je ne trouves pas beaucoup des coincidences entre les créations "néo"-gallicanes et la tradition mozarabe, malgré du fait qu'ils étaient inspirées par les rencontres entre les chantres.
Me permettez un dernier remarque sur ce sujet avant retournant aux idées de Mr Goudesenne: C'est la synode des iconoclastes et l'excommunication papale de l'empereur qui marquaient la fin de la papauté byzantine à Rome, exactement l'année, quand Rome et Italie méridionale étaient dévenues intéressantes pour les religieux et la clergie à Constantinople (pour échapper les discriminations durant la crise de l'iconoclasme). La définition de Byzance par l'histoire politique ou de l'église ne suit presque jamais l'histoire des échanges culturelles entre l'orient et l'occident. Souvent la fin du pouvoir locale provoque les échanges plus vivantes, mais aussi plus ouvertes envers Constantinople.
Sous le règne de Pépin le Bref, l'Espagne n'était pas byzantin, mais déjà andalous (par chance on doit dire, parce que le message du califat orientale avait fait un grand voyage, et l'ordre d'abandonner les conquêtes de l'Espagne arrivait avec un mois retard au stratège omeyyade Tariq ibn Ziyad, quand ils avaient déjà fait leurs conquêtes).
On pourrait faire la comparaison avec Italie, et on comprend que la domination byzantine n'avait pas de grand effet sur les liturgies locales, parce que ce n'était pas l'attitude de l'empire prescrire son rite aux autres chrétiens, ce n'était pas possible pour contrôler les abbayes grecques qui avaient leurs propres divine liturgies avant les normands (les archimandritates italiennes viennent de la période normande et l'importance des fondations monastiques dans la politique des ducs normands était la main cause). Le fait que le rite mozarabe et vieux-espagnole est plein des "éléments byzantins" donne peut-être une idée de la présence des vieux formulaires grecque en tout le méditerranéen.
Malheureusement on n'avait pas fait aucune recherche sur la présence de la liturgie de Saint Basile de Césarée (on préférait l'abréviation de Jean Chrysostome à Constantinople), parce que nous sommes trop occupé à l'instant de reconstruire sa forme historique (regardez les publications de Gabriele Winkler p.e.). Mais sa présence en Gaul est bien connue et hors de question. La liturgie hagiopolitaine de Saint Jacques, ce n'est pas du tout byzantin, parce que le patriarcat de Jérusalem, c'était déjà le territoire du califat, et on avait pas souffrit la crise d'iconoclasme. Sinon, on avait pas besoin des croisades depuis le XI siècle. Je pense qu'on avait imité ce rite dans tout le méditerranéen, même au Byzance, au moins pour quelques jours.
Ça va bien avec le monachisme urbain comme à Rome, mais pas avec la liturgie mozarabe est la présence égale des textes prophétiques dans leur liturgie. En ce moment, je n'ai aucune explication, mais le votre ne me semble pas plausible, même votre hypothèse concernant un mariage entre le rite milanais et le rite vieux-romain (le débat n’est encore sûr en ce moment qu’il s’agît d’un rite vieux- ou néo-romain).
En fait, l'histoire de la papauté n'était jamais libre des dominations politiques. Pour la période entre 537 et 752 la phase de la reconstruction de Rome sous Grégoire I inclusive s'appelle "la papauté byzantine" grâce à l'Empereur Justinien, le seul dans l'histoire byzantine qui avait prescrit à Rome qui va être Pape (en fait ça commençait déjà sous la règne des ostrogotes et des lombards et la présence de "Grégoire" à Constantinople preuve que les Romains préféraient la dominance de Byzance, c'était une question dogmatique depuis Justin I) et qui avait beaucoup plus des ambitions dans le terrain du dogmatisme que tous les autres empereurs (même Justin II). Dans cette période existait même une autre très brève d'une occupation byzantine de l'Espagne wisigothe (552-624).
Mais l'idée d'une liturgie romaine au Royaume des Francs, c'était définitivement une de la dynastie carolingienne, un sacrifice pour établir le pouvoir dans le territoire de deux empires romains! Mais, on n'avait pas de contrôle sur beaucoup des régions italiennes, les "historiens" du chant sacré avaient beaucoup des motives idéologiques, quand ils l'oublient systématiquement. Et je pense que Mr Goudesenne nous a laissé quelques idées pour faire quelque chose contre cette amnésie. Avec les motives similaires j'ai ouvrié le groupe "Autour de Cluny", si vous voudriez c'est mon groupe dédié au chant grégorien... Et vous tous êtes bienvenus de continuer ces discussions là ou dans les autres groupes dédiés aux traditions en question (romaine, ambrosienne, bénéventaine, mozarabe etc.).
Un petit détail, comparable à celui sur Grégoire I comme apocrisiaire à Constantinople par Neil Moran. Sous la règne de Charles II le Chauve, on n'avait plus connaissance du rite gallicane. L'évidence n'était pas traduit correctement par Kenneth Levy (1984, doi:10.1017/S0261127900000425; p. 50, note 4), ni dans les articles encyclopédiques de Michel Huglo et les autres collègues ici (Mansi, vol. 18 suppl., col. 730: http://patristica.net/mansi):
On avait cherché la tradition perdue chez les chantres mozarabes, mais ils avaient célébré la divine liturgie (hagiopolitaine) de Saint Jacques e le formulaire de Saint Basile de Césaré non abbrévié par Jean Chrysostome!
Je suis d'accord avec Mr Goudesenne que beaucoup des constructions historiographiques dépendent des chroniques et des sources liturgiques qui sont souvent contrefactions plus tard (même à Montcassin). Pour cette raison, on peut dire que Cluny était déjà présent dans le VIII siècle, en ce qui concerne la date des contrefactions qui offrent certaines fictions sur l'éra carolingienne.
Concernant l'évolution de la notation neumatique, on avait déjà avec Guillaume de Volpiano une forte présence de chantres clunisiens depuis l'éra ottonienne. C'est vrai que Guy d'Arezzo avait les idées similaires comme son contemporaine Adémar de Chabannes, mais la différence est que pour le premier et son frère, ils n'avaient un environment stimulant à l'Abbaye de Pomposa comme avait Adémar chez son oncle à Limoges. Peut-être les innovations autour de Cluny doivent être même expliquées par les defaits des autres... Nous avons l'importance des Abbayes à Montcassin depuis la fin du X et à Farfa depuis le XI siècle!
Pour comprendre la révolution de la tradition orale par Guy, ça suffit de lire quelques discussions ici sur bémolle, et on comprend, c'est presque impossible de penser avec les catégories des chantres carolingiens du IX et X siècles après Guy.
Concernant l'argumentation de James McKinnon, j'avais déjà écrit que sa discussion des congrégations des chantres spécialisés n'est pas au niveau des autres rechercheurs plus comparatives comme Christian Troelsgård. Et pour cette raison quelques innovations sont beaucoup plus tôt comme dans l'imagination de James McKinnon.
pour les archetypes, je pensais a Dom Houlier qui dans les mélanges Dom Claire indiquait la naissance du gregorien a Metz vers 760 : c est trop partiel : on a oublie les traditions de l Ouest, Neustrie et Angleterre et bien sur, les eveches de haute Italie, Lombardie....
Goudesenne
Il me semble que Mr Goudesenne est d'accord avec vous (p. 20):
Bien sûr, c'est hors de question que une réconstruction d'un rite locale (milanaise), même d'une monastère français est légitime. La question ouverte et la révolution d'une transmission écrite et la possibilité de resister contre les neumes avec une transmission orale, bien qu'il s'agît d'une littérature clandestine des chantres.
La proposition (p. 17) sont 3 archétypes (un clunisien-anglais N, un aquitaine-bréton-italien A, un alémane G). Selon le dernier qui réclame d'être grégorienne (rien à faire avec les réformes de Grégoire le Grand à Rome), il avait écrit:
Je suis curieux de lire votre opinion sur ces 3 archétypes, ou les propositions alternatives.
I would appreciate, if discussions here were more about the texts, their subjects and their authors.
Again it seems that I must take up the role of Smashing Pumpkins by pointing out that Justinian’s Hagia Sophia, the largest church in Christendom, already had in the sixth century a choir of 25 professional singers and by pointing out the Greek origins of the Latin liturgy. From 579 to 586 Gregory was apocrisiarius in Constantinople (so are we to believe the Wikipedia article which claims that “he wrote correct Latin but did not read or write Greek”?). Is it not common knowledge that the Greeks could notate music? And it was certainly not the cantors at the court of the illiterate Charlemagne who invented the system of the church modes.