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116 témoins répartis en trois tableaux

Tableau_01

(33 mss, répartis en zones: Allemagne du Sud, Suisse incluse/ Europe Centrale, Autriche inclus/ Allemagne Nord-Centre/ Rhin Régions basses / Lorraine)

Tableau_02

(48 mss, répartis de la manière suivante: France Nord-Centre / Régions insulaires / France Sud Aquitaine / Cluny / Lyon ne connaît pas ce répons / Italie du Nord / Italie Centrale)

Tableau_03

(35 mss, en provenance d'ordres religieux : Prémontré / Dominicains / Cisterciens / Franciscains / Carmélites / Les chartreux, à l'instar de la tradition Lyonnaise, ignorent le répons / Carmélites)

Proposition de restitution:

Commentaire:

Afin de justifier d'une manière non confuse notre proposition de restitution qui nécessite l'usage de deux cordes mobiles : SI bémol / SI bécarre et FA / FA dièse, observons de près nos témoins pour voir quels artifices sont utilisés pour rester le plus fidèle possible aux méthodes "traditionnelles" qui n'admettent, dans le système de Guy d'Arezzo, qu'une seule corde mobile.

Nous avons suivi le manuscrit Bénévent 19 (I-BV) appartenant à une famille de mss qui a fait ses preuve pour sa rigueur dans l'enchaînement des intervalles (voir par exemple la discussion sur la COM Scapulis suis). Le manuscrit Célestin de Prague III H 2 (CZ-Pu), qui lui est affidé, débute sur MI, mais pour éviter le FA dièse, s'écarte de son modèle à "DE SAmaria".

Les manuscrits Valenciennes 114 (F-VAL) et Trier 480 (D-TRb) ont tenté une intonation sur LA, le premier "échoue" à partir de "ad Orientem", du fait d'un enchaînement (erronné !) à la quarte, le second ms "réussit" l'épreuve, avec, comme seule contrepartie, dans son système de variantes, un MI, à "redemptionis JUdae", qui doit être chanté bémol.

Notons aussi les témoignages originaux des témoins suivants:

Arras 465 (F-AS) : le notateur, qui entonne dans l'échelle de MI, utilise  avant "quae respicit"un guidon invitant à chanter la suite un ton plus bas.

Utrecht 406 (NL-Uu), combinant des lettres intervalliques à "DE SAmaria" invite de cette manière à chanter FA# la ligne rouge.

Verdun 128 (F-VN), à "SamaRIa", utilise un procédé ingénieux. A l'instar de Metz 461 (F-ME), il utilise habilement une formule d'introït:

pour monter artificiellement d'un ton la suite du répons. Verdun 128 (F-VN), au même endroit prend soin de signaler "l'artifice" par une petite croix :

Nous avons déjà signalé cet étonnant procédé du copiste de Verdun, à propos du répons Ecce veniet Dominus protector.

Les hésitations de Metz 83 (F-ME) sont tout aussi instructives. Tenté d'utiliser le procédé de Metz 461 (le grattage est bien visible) il se ravise dans un deuxième temps, mais "transpose" au ton supérieur quelques notes plus loin (à "respicit").

Le reste de la tradition gère ses "transpositions" d'une manière analogue. Si l'échelle de MI est choisie, les variantes se concentrent plutôt sur "de Samaria", tandis que dans le cas d'une intonation sur RE, celles-ci se produisent plus loin.

Notons au passage l'absence de lettres intervalliques dans le ms de Montiéramey (F-Pn lat 796).

Le dernier tableau, consacré aux témoins d'ordres religieux, permet d'observer la proximité entre cisterciens et dominicains. Cependant, les cisterciens semblent plus sensibles au phénomène d'attraction des cordes fortes que les dominicains (comparer par exemple les versions cisterciennes/dominicaines de "omnis homo", soit DO et SI/SIb, ce qui implique pour ces derniers un apport d'une tradition musicale plus orientée à l'ouest...)

Nous aborderons dans un autre post les problèmes liés au choix des SI bémols/SI bécarres propres à notre répons et mettrons à nouveau en lumière la tendance "lourde" de montée progressive vers le DO observables dans la tradition germanique.

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Replies

  • Nous avons souhaité mettre en ligne le tableau_03, consacré aux ordres religieux. Ce tableau aurait été considéré par nos maîtres, voici quelques décennies, comme un apport bien faible en matière de restitution, vu l'uniformité de la transmission dans chaque famille religieuse.

    Cependant, en matière de bémol, les apports s'effectuent d'une manière complémentaire. En effet, à l'intérieur de chaque ordre, l'emploi de ce signe fait exception à l'uniformité. Ceci ne doit pas nous étonner puisque les notateurs n'avaient coutume de le noter que "quand ils y pensaient". Les chercheurs familiers avec l'antiphonaire en double notation de Montpellier (H 159) savent que le I couché signifie le SI bémol, tandis que le I droit est ambivalent.

    Nous avons donc, pour chaque ordre, et grâce à de nombreux recoupements, une traduction bémol/bécarre certaine pour de nombreux SI.

    De plus, chaque ordre étant le témoin fidèle de la tradition de sa région mère, nous sommes en mesure de décrire avec précision la tradition de ces régions "fondatrices".

    Ainsi, les traditions franciscaine et de Melk se rapportent à la tradition de Subiaco, une région d'Italie Centrale. Ces témoignages sont d'autant plus intéressants qu'ils se rapportent à une région où la nature des SI est très peu signalée.

    La tradition cistercienne nous donne la tradition de la région de Citeaux (mais avec quelques arrangements théoriques, bien signalés dans l'histoire de l'ordre), avec une influence germanique encore limitée en ce qui concerne l'attirance au DO.

    La tradition dominicaine, sous la double influence cistercienne (même intonation et même construction des versets que les cisterciens) et insulaire ( étranger aux attractions des cordes fortes, par exemple à "omnis homo", qui culmine au SI bémol [selon Kloster St. Katharina, CH-WILsk])

    La tradition de Prémontré, région dont la tradition fait déjà penser à celle la Lorraine (Verdun/Metz) mais sans la pression vers le DO de ces derniers, ni l'apport des "théoriciens"  de la modalité des fils de Saint Bernard.

  • Les lettres significatives "a" et "s" placées à l'articulation syllabique de "DOmiNUS", respectivement dans Hartker (CG-Sgs) et Quedlindburg (D-B), confirment une tendance précoce qui consiste à élargir un intervalle au ton plein sinon la tierce mineure.

    Il est remarquable de constater que si quelques manuscrits sur lignes germaniques traduisent par la tierce ces lettres significatives, ce choix est loin d'être unanime dans cette zone. Remarquons le choix du SI bémol dans Karlsruhe 60 (D-KA)...

    La région en dessous du Rhin,la Lorraine, et le restant de la tradition font unanimement le choix du demi-ton !

    La présence d'un contexte syllabique, moins sujet au phénomène d'attraction des cordes fortes expliquent peut-être le peu d’enthousiasme de la tradition germanique sur lignes à suivre Hartker et Quedlindburg...

  • Merci, Franco ...

    L'enchainement de "IN Bethleem", se fait à la suite d'un unisson terminé par une stropha (à "veniENS) donc obligatoirement un unisson (H indique souvnet un "sursum" dans des cas similaires, et Benevent toujours f).

    Le cas typique: INTR Dum SANCtificatus fuero (Graduale Novum 76)

    Pour les cadences proparoxytoniques, Hartker est souvent explicite:

    9126756255?profile=original

    voir les exemples H 49 et H 250 (traité par erreur comme un proparoxyton !) qui ont bien virga + tractulus. On retrouve aussi un traitement similaire de "veniet" en H 263. Il s'agit donc bien d'un SI, d'ailleurs confirmé par Quedlindburg....

  • Very good work Dominique, the fis is quite convincing.

    Maybe you could consider e_d on IN Bethleem.


    Furthermore do I think that the Virgae on liba-NO Ve-niet in Hartker could both be transcribed as c c. Otherwise he would have written virga and tractulus. Does the formula change in case of a proparoxytonon?

  • Il est intéressant de comparer les versions ROM 1 (Ms B 79 [I-Rvat] ) et ROM 2 (Londres 29988 [GB-Lbl]):

    9126788470?profile=original

    Dans ROM 1 le premier SI est certainement bémol, dans ROM 2, le SI bémol constitue le sommet de la formule de "hoMO".

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