Certes émouvant, l'hommage de Dominique Crochu à Dom Eugène Cardine ne doit pas nous empêcher d'avoir pour perspective le progrès des sciences, notamment de la philologie musicale et de la musicologie historique.
Voici quelques lignes d'un futur chapitre de mon ouvrage en préparation, Gregorius fabricator cantus ?, qui invite à faire évoluer la sémiologie vers un usage plus raisonné de la simple philologie et de l'édition critique.
En annexes, quelques transcriptions de pièces grégoriennes, toujours largement absente des éditions usuelles... Faudra-t-il encore attendre la fin du siècle pour développer de véritables éditions critiques, alternatives au sempiternel Graduel Triplex, faussement renouvelé par un Graduale Novum plus que décenvant, car ne rendant absolument pas compte des textes médiévaux des sources les plus représentatives d'une tradition qui n'est pas seulement écrite mais orale, non pas singulière mais plurielle, comme la plupart des grandes sommes tardo-antiques ou médiévales ?
Extrait
Gregorius fabricator cantus (Jean-François Goudesenne)
chap. 6 à propos de la Paléographie musicale
Écueils de la sémiologie « cardinienne »
L’habitude s’est installée depuis une cinquantaine d’années de séparer de la paléographie musicale, la sémiologie grégorienne, qui relève plus spécifiquement du domaine du chant grégorien.[1] Cette dernière repose en effet sur un malentendu car, fondée en quelque sorte par Dom Cardine, l’enseignement qui en a résulté s’est figé en se limitant au corpus de quelques manuscrits, qui, on le démontrera de nouveau, ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la tradition. Cardine entrait moins dans les détails de la philologie en elle-même.[2] Sa vision du chant grégorien restait dans le droit fil de Solesmes et cette conception de la « restauration », était caractéristique du xixe siècle, malgré une certaine ouverture quant à son interprétation. Il ne développait guère de considérations sur les relations entre les témoins de la tradition rythmique, largement valorisés lors de la publication du Graduel de Chartres, ni sur les différences de fond qu’il pouvait y voir entre les principales notations, Laon et Chartres, Saint-Gall et les livres aquitains. [3] De plus, bien que respectable dans ses fondements, cette sémiologie ne fut pas toujours satisfaisante sur le plan intellectuel, car elle a trahi le manque d’ancrage de la musicologie dans les réalités culturelles du monde carolingien, ignorant par exemple le positionnement de centres pourtant majeurs quant à l’écriture ou à la liturgie, se contentant dans cet espace de la France du Nord, des seuls évêchés de Laon et de Chartres, n’accordant guère de considérations aux sources émanant des évêchés voisins de Noyon et Soissons, à la métropole de Reims ni aux grands monastères royaux et impériaux de Corbie, Tours ou Saint-Denis.
Une focalisation sur Saint-Gall et Einsiedeln semble aussi trahir un adossement des postures musicologiques à cette vieille idée d’une restauration, ancrée dans le xixe siècle, peu encline à repenser autrement la notion de texte, de corpus musical, à l’aune des progrès de la discipline apportés par les sciences historiques, la linguistique et l’ethnomusicologie des traditions orales.[4] Une posture qui se fonde d’ailleurs sur l’hypothèse d’invariance du corpus « grégorien » antérieur à sa codification écrite, aujourd’hui difficilement défendable.[5] À la différence d’Hourlier, Cardine n’a pas vraiment vu que la tradition mélodique était divisée, considérant volontiers le témoignage des manuscrits comme une réalité « une ».[6] Il était encore très attaché à une unanimité presque absolue de la tradition manuscrite, dont le niveau de différenciation ou de division, n’avait pas vraiment été évalué – et ne semblait guère l’être.
Pourtant essentielle et indispensable, la notation ne suffit donc pas à tout expliquer, surtout si elle est isolée du contexte, notamment celui de la transmission mélodique. Marie-Noël Colette insiste sur le fait que l’exégèse des notations neumatiques, ne peut que s’appuyer sur les variantes dans les leçons concordantes, renvoyant à priori au même donné musical.[7] La science élaborée par le vénérable Dom Cardine n’est donc qu’un point de départ, précieux, mais depuis longtemps dépassé, car limité aux indications rythmiques et mélodiques de témoins qui relèvent d’un contexte trop spécifique. Une véritable sémiologie, plus critique encore que paléographie musicale est appelée à se développer par cette approche plus critique de la transmission.[8] On ne pourra donc pas élaborer de science solide si on ignore les modèles de transmission des chants, qui échappent largement à notre culture écrite moderne. Le travail de mise en concordance des témoins manuscrits, qui vise à mettre en regard les analyses sémiologiques avec l’édition critique du texte, reste considérable ! L’hypothèse d’une antériorité d’une refonte romano-neustrienne sur un remodelage romano-austrasien (peut-être pas systématique pour tous les répertoires) invite donc à un examen critique en externe, avec d’autres centres, d’autres aires culturelles, la seule cohérence d’un manuscrit neumatique en lui-même étant alors vraiment secondaire dans cette nouvelle démarche d’édition.
En préparant l’édition critique d’un corpus significatif, nous voyons très vite que les préoccupations de cette fausse science qu’on appelait sémiologie grégorienne, est d’avoir trouvé un petit noyau de sources, certes très importantes dans l’histoire, mais qui ont surtout présenté l’avantage de concorder avec les choix éditoriaux finalement assez arbitraires de l’édition Vaticane, dont les finalités étaient davantage pratiques que véritablement scientifiques, apportant sans trop de complications une édition pratique à l’usage des paroisses et des chorales liturgiques souhaitant renouer avec le chant grégorien. Or, l’ecdotique et l’édition critique ont de tout autres niveaux d’exigence scientifique, devant gérer pléthore de sources et construire des données paléographiques signifiantes sur le plan historique, indépendantes du prisme du jugement de principe d’une « meilleure source », opposée à une source « excentrique » sinon « corrompue ». Nous proposons de rénover cette approche critique des mélodies grégoriennes comme de la sémiologie - qu’on préfère renommer paléographie musicale par :
- L’étude de quelques centres importants historiquement dans la profondeur du temps, les mieux desservis étant Arras, Corbie, Tours, Soissons, Saint-Denis, Noyon, Canterbury, Worcester et Winchester ; les comparer à leur périphérie, représentée par de nombreux témoins et marquant des identités régionales plutôt fortes
- l’hypothèse de remaniements multiples non unidirectionnels, qui laisse des doutes quant à la fiabilité d’une branche exclusivement représentative d’une « authenticité rythmique »
- Le constat de l’ampleur des similitudes comme des différences dans l’espace géographique européen, notamment dans les trois pôles que sont les îles britanniques, la Francie du Nord et la haute Italie[9]
- L’appréhension des notations dans une plus grande continuité avec les témoins des xiie et xiiie s. qui sont encore pourvus de neumes, malgré l’épaisseur d’une plume plus angulaire ou carrée
- Le repositionnement de la sémiologie des notations dans le contexte de la transmission, des remaniements de corpus multiples et complexes, dans les profondeurs de champ qu’apportent les comparaisons avec les répertoires équivalents dans d’autres traditions liturgiques parallèles (ambrosien, paléo-romain, traditions locales franques ou gallicanes, au sens large…).
B LES DOGMES CONFRONTÉS AUX RÉALITÉS PHILOLOGIQUES
Comme nous l’avons déjà dénoncé à propos de la philologie en général, il nous faut sans cesse un recul critique vis-à-vis d’une attitude dogmatique, qui a pour caractéristique de relever davantage d’une idée théorique transcendante, construite à priori, que d’un examen concret et immanent des sources.[10] Or, voici quelques exemples qui nous laissent perplexes quant à plusieurs idées reçues, notamment cette hypothèse d’une « tradition rythmique authentique », établie par Dom Mocquereau il y a bien longtemps, mais toujours bien vivace.
Problèmes méthodologiques du référent éditorial
Nous avons pris pour habitude normative cette modélisation sur l’édition Vaticane et les notations « carrées » du xiiie siècle, référent principal des éditions usuelles, en les doublant, dans la seconde moitié du xxe siècle si ce n’est avant, par une projection excessive des données de la notation de Saint-Gall sur des écritures neumatiques, d’un caractère et d’une nature assez différents des notations sur portées.[11] Or il s’avère que les points de référence de la sémiologie grégorienne sont bien plus instables et pas aussi sûrement établis dans les détails mélodiques, dans la mesure où ils se sont adossés sur une édition non pas critique, mais pratique, avatars de la Vaticane, surtout le Graduel Triplex, le CAO comme le Graduel critique, ce dernier ne présentant guère de transcriptions. Ces éditions ayant procédé de façon trop mathématique, n’apportent pas toutes les richesses philologiques et culturelles liées à une observation réellement critique et archéologique – très difficile à mener il est vrai pour un hypertexte à tradition aussi pléthorique.
L’édition Vaticane induit au niveau de certaines leçons, des illusions d’optique qui résultent de choix éditoriaux ayant pourtant privilégié la branche germanique du chant grégorien. Plusieurs exemples flagrants révèlent une véritable restitution très « orientée », qui ne reflète pas celles d’autres traditions pourtant bien établies, comme nous le montrons ici, l’assise dans le temps, l’espace géographique et l’importance historique de certains centres venant abolir toute idée de décadence ou de corruption dans d’autres branches. Mais l’édition Vaticane, à la suite de celle de Ratisbonne, n’est pas la seule à poser des problèmes méthodologiques : les transcriptions modernes, peuvent elles aussi constituer un véritable obstacle à la compréhension des notations anciennes, car elles n’incitent pas le lecteur à prendre l’habitude de les lire véritablement, ni de les comparer : elles aboutissent très vite, par ces lourds tableaux de notes rondes, à un oubli de paramètres aussi essentiels que sont la duction, la direction mélodique, mais surtout la structure rythmique, le phrasé comme les groupements. Transcrites en notes rondes sur portée en clé de sol, bien des notations neumatiques du xiie s. sont ainsi mises sur le même plan que les notations carrées standard, leurs principes n’étant qu’informatifs, érigeant alors en roi ce concept de « neume-note », doublé d’une vision trop fixe des échelles comme de l’ornementation, concepts totalement ennemis de la réalité orale-écrite de ces répertoires !
Quelques transcriptions de pièces donnant en synoptique plusieurs systèmes de notations qui nous intéressent ici, permettront d’aborder plus largement les questions paléographiques, qu’il est parfois utile d’associer aux répertoires et non seulement à des données coupées du contexte musical, par exemple le Puer natus (annexes not. 5), qui montre des nuances plutôt variées au niveau de la ligature des neumes, y compris dans les notations plus tardives, sur portée –exemple assez convaincant il me semble pour révéler la nette insuffisance des transcriptions en notes rondes.[12] Le Gr. Speciosus forma (annexes not. 6) offre un des plus beaux exemples dans la problématique de transmission par un remaniement modal, qui illustre la difficulté de trouver les concordances diastématiques avec les témoins neumatiques anciens : l’exemple donné pour illustrer la notation paléofranque du sacramentaire de Compiègne chez Corbin/Arlt,[13] probablement extrait de la Vaticane, ne convient pas, en témoignent les leçons de nombreux témoins français et anglais, qui présentent cette pièce non pas en deutérus, comme le classe le tonaire de Dijon, mais bien en protus. Un décrochage dans la dernière phrase, qui n’épargne pas Saint-Gall, qui s’est accommodée d’une adaptation remaniée in fine. Un point intéressant qui soulève probablement une modalité problématique aux yeux des théoriciens.[14] Pour l’examen des traditions mélodiques d’un chant, ce sont donc bien ici des sources diastématiques qui apportent des éléments critiques aussi pertinents que les notations neumatiques a campo aperto.[15] Voici quelques détails des groupements sur hominum, diffusa est, verbum bonum, regi, calamus (annexes not. 5).
Quelques transcriptions : Rameaux : Ante sex dies ; Pâques, antienne de fraction Venite populi
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[1] Nino Albarosa, « Paleografi non semiologi ? » dans Michel Huglo (dir.), Musicologie médiévale. Notations et séquences. Actes de la Table Ronde du C.N.R.S. à l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 6-7 septembre 1982, Paris, 1987, p. 101-105.
[2] études Grégoriennes 23 (1989), v. l’introduction puis la nécrologie de Dom Jean Claire.
[3] PalMus xi (1912).
[4] Peter Jeffery, Re-Envisioning Past Musical Cultures: Ethnomusicology in the Study of Gregorian Chant, Chicago, 1995 ; Aubert 2010.
[5] Viret 1999, p. 11.
[6] Cardine 1977, p. 191-192.
[7] Colette 2003, p. 30-31.
[8] Déjà souhaitée par Marie-Noël Colette, Ibid., p. 30.
[9] La péninsule ibérique n’est pas à négliger, notamment avec la notation de Silos qui présente bien des points communs avec les notations paléofranques et « françaises », notamment Corbie ; mais elle dépasse le cadre de cet ouvrage.
[10] V. Leo Treitler, « Reading and Singing : on the Genesis of Occidental Music-Writing », Early Music History 4 (1984), p. 135-208 ; Colette 2003, p. 16.
[11] Arlt 2012, p. 64.
[12] Ajouter les transcriptions de Sevestre (CT) et de Karp 2008. Se reporter aux sigles : Îles Britanniques Vin, Vor, Cant, Iri ; Neustrie : Coc 0, Den, Vaa, Eli, Cor, dont Val de Loire, Tur, Mor, Niv ; Péninsule italique : Vec, Ast, Rav, Ben ; Contre-témoins : Vaticane, La, Gal/Ein, Dij, Cha, etc.
[13] Corbin 1977.
[14] Notamment dans l’intonation qui fait intervenir le G dans le tonaire digraphte de Dijon, PalMus t. 8, p. 162.
[15] La confirmation par les tonaires pourrait nous renseigner de l’état de fait d’une situation déjà antérieure aux notations
Comments
I am sorry that I forgot to mention a very fine scholar Nicola Tangari who established (together with his colleagues at the University of Cassino) a very useful database «Repertorio bibliografico sui manoscritti in scrittura beneventana» which has a forthcoming series (bmb) to publish new findings of manuscripts in "Beneventan" scripture in libraries all over the world. You see within his school lies a very high potential for studies which offer us a complete different view on Latin traditions of the Mediterranean.
You find the link here:
https://gregorian-chant.ning.com/group/benevent
You know I appreciate your work, but we discussed it already more than once, even in detail. I did not find one point, where I have something more to add.
How kind of you to remember that! You might also remember that you already got my answer one week ago, I just wonder why the possibility to look at things from different angles seems so impossible for you... The following two paragraphs are especially for you.
From a historical and sociological point of view (not a personal one), I admit it is even possible to regard certain religious traditions as the result of a misreading, but for some such a reflection might be a tabu (although hermeneutics were born as a theological discipline). I recommend to read Ibn Arabi’s philosophy who does not judge those, simply because they accept the tabu. It simply means that certain misunderstandings have shown as very creative during history. It does not mean that we do not respect somebody’s lifeworld (Husserl) who has been socialised with these tabus. Such a judgement would be an obstacle in the way to understand (which includes to understand misunderstandings which did occur everywhere at every time). Now the question is, are you ready to find out the very truth or does your research or your fortune depend on the goodwill of certain authorities who probably might not like such a truth? Ibn Arabi had to reflect about the relation between theology and philosophy, since Andalusian translation projects were neither limited to one language nor to one religion (that is the difference to the Carolingian Renaissance).
It also seems that notation as a medium of transmission provoked more misunderstandings than any other form of transmission (like personal teaching or the art of memory which interacted with different media, notation might have been one of them as an individual preparation for teaching). In case the notator wrote down even the very details (an ignorant abuse according certain notators, just think of Manuel Chrysaphes), it could even extinguish the tradition as a whole (as a long term process). But it also provided the possibility of a less or more competent revival.
It is very easy today to accuse Eugène Cardine that he did not care enough about local traditions in Italy, when he became professor at the Ponteficio istituto di musica sacra in 1952. One might feel seduced to perceive his work this way, today. I think the perspective was completely different during his time and it is not fair to judge his work from the point of view of certain standards today. I mean, it is ignorant to confuse both traditions today. This was not the problem of Cardine’s time, when the difference was perceived as the one between the “Old” (Roman parishes) and the “New Roman” (Schola cantorum). But today, since Vat. lat. 5319 is no longer believed to be the book used at S. Giovanni di Laterano but as the very one used by the Schola cantorum, it might be considered as ignorant, if we take the Gregorian for the Roman.
For the explanation of the difference between the Gregorian and the Roman we need something more convincing than the imagination, that it is somehow the same, or even worse, that Old Roman was a fake made up by Carolingian cantors. I would like to ask you, what should be the sources which testify the presence of a Gregorian redaction in Rome?
The fact that the so-called “Old Roman rite” appears in exactly that period in notated chant books, when papal reforms finally try to control the manifold liturgical traditions of Southern Italy is a real challenge for all these wild theories about chant transmission.
I frankly admit that I have no answer to most of these questions (yet!), but I think it is very exciting to find other more plausible explanations. We are right now at a very interesting point. Rome was the place which administrated reforms elsewhere (the question where precisely is a very sophisticated matter of church history), and usually its local liturgy was regarded as the prototype which has to be followed, rarely as an object which had to be changed by a reform.
It is quite understandable, if young students today laugh about certain older theories... We can hardly blame Eugène Cardine for them.
Nino Albarosa, a student and an admirer of Eugène Cardine, decided to publish in facsimile the most Old-Beneventan source he could find at Benevento. He could have decided for another manuscript like Codice 38, and published only parts of it (this would correspond to older habits of facsimile edition which only selected the “relevant part,” however you might define it). A very nice work lies before us to discover the other local traditions between Abruzzo and Sicily, but as a first step we have to care a little bit more about the sources than about theories how to understand them! Also Giacomo Baroffio has many gifted students, so had Enrica Follieri and Lidia Perria. The problem is most of them felt forced to live and to work abroad and they either know Latin or Greek palaeography.
I have no idea yet, how these new discoveries will change the attitude to Frankish chant in the North, but it will definitely open our mind and bring some fresh air. St Gall continued to use their adiastematic notation for quite a long time, although their books changed considerably in content.
Whatever the questions during the meeting at Solesmes might be, if I had a possibility to join it, I would take those with my luggage. Now you have them anyway...
Αγαπητέ Oliver,
if this is the way you understand misunderstandings, pre-understandings, misinterpretations, pre-interpretations (especially “among” persons that are in life) on what “they believe,” on what they are “not aware of” (e.g. of the gaps in western European musicology. Or perhaps, also of the North American, South African or the Eastern Oceanian one, I could add.), on “who (or how much) forced to leave, who didn’t” on “how they sing” on what “they said” or any other kind of "distorted information," and interpolate “material” that you consider as “relevant,” so be it. But here is still the Group of J.-F. Goudesenne with the title: Critique de la « sémiologie cardinienne »
So, this is an English translation of my previous (Samedi) post in Greek :
Concerning one of the "practical" considerations (ornaments, “ornaments,” “ethnic oral traditions”) laid out above: the issue is not whether to change / modify something in the style of today's music performance of Medieval Latin Ecclesiastical Music under the so-called "Historically Informed Reconstruction" but if our changes / modifications will form part of an overall logic / rationale and not merely an arbitrary aesthetic content.
Τhe fact that, increasingly, we realize that the way the oldest Latin notations "normally" performed is inadequate (the medieval signs, because of their shape, certainly describe more complex vocal movements) does not mean that the process of our change will contain a sample (or dosage) of intrinsic logic as a pretext, and possibly will result in a major "convenient" combination (or mixing) of data from various modern traditions.
Έρρωσθε
Dear Pavlos
Don’t mind, I quite liked your Shandyan disgression as Tristram in Akadimia Platonos. When I was in Istanbul, after talking about Constantinople some made a “terrible” joke about the Ottoman expression “Romans,” but it clearly expressed that people there do miss those who were forced into exile. “For us Greeks are just Turks who pretend to be Italians.” I replied “That’s complicated then, because those Italians I met were like Greeks who pretend to be Romans.”
Concerning your “methodology” of exchange, you might explain yourself as much as you like, but I cannot remember that I ever tried to think your way. If there was ever a misunderstanding between us, it could be only this one. I like exchanges here, because it helped me that nobody thought the way I do. Maybe sometimes we have to be patient and more explicit to show others, what this way is. In my experience it is worth it.
What I am trying to communicate in this discussion, is a very particular case. Sometimes it even happens, that I come to a point, when I do realise, that my own way has changed so much, that I do no longer understand the way, I thought before.
Αγαπητέ Oliver,
I wrote this here, because before proceeding in more delicate methodologies about the Critique of Dom Cardine, it is important to respect the basic “methodology” of not speaking in the name of someone else, or more oddly by giving “ethnological information” about my family’s Cappadocian (Turkey) origins (who is interested to?!).
Selamlar
Le 3 février 2016 à 10:43,
Oliver Gerlach a dit…
Dear Pavlos
Let us continue this discussion in the Byzantine group (since I deal right there with a "pre-interpretation" of Al-Kindi's braid).
If you just through some keywords in the round without explaining yourself, how can I understand you, even if I tried?
With all respect I have for your hypotheses, this was a false compomise of the school by Marie-Noël Colette. I am sorry that it has failed, it is not my fault.
Although I disagree with Andreas Pfisterer in many points, I can hardly do it here. And I asked Michel Huglo for his opinion, and he could neither.
Αγαπητέ Oliver,
You wrote here on Sunday: I understand that Pavlos also pointed at the fact, that even a living tradition has gone through misinterpretations and pre-interpretations during its history, the difference is probably that standards at the Patriarchate are very high, and you have to be a "fine musician" to interprete the tradition, while these musicians know the difference of doing a concert and doing divine services.
Once more you misinterpret me. At that case I didn’t refer to this kind of mis- and pre- interpretations!
Έρρωσθε
In my opinion this is a very interesting answer which confirms Jean-François' ambitions to have a more historical look at the genesis of chant traditions in Western Europe, also in Italy (as a modern geographical orientation, of course, without anticipating the problematic history of Risorgimento) and on the Balkans, where the history of Latin traditions is much more complex (for reasons which has to do with the local political history, so far the Balkan coast has hardly ever been a subject of Western chant scholars).
The "Graduale triplex" is definitely a merit of Cardine's school and I will not comment here on the problems that Cardine had, when he returned to Solesmes. Sandhofe's Nocturnale proves the effects of this school.
We should also remember that Stephen van Dijk's widely accepted theory of a medieval coexistence of the Gregorian and the Old Roman tradition in Rome has been proved as unsufficient after Cardine's death. I just wondered, why there are still so few who like to mention it, although it has shown, whose work is very important now and who got lost on the wrong path. In history of science this happens quite often, we should relax, laugh about ourselves, and finally look forward.
Je pense qu'il serait peut-être intéressant d'échanger sur tous ces passionnantes questions à Solesmes, durant la Session de Juillet...